Né avant Bourdelle (1861-1929) et avant Maillol (1861-1944),
François Pompon semble plus jeune car ce praticien qui toute
sa vie travailla pour les autres ne connut la célébrité
qu’à l’âge de 67 ans, en 1922.
Fils d’un menuisier-ébéniste de Saulieu, apprenti
tailleur de pierre chez un marbrier funéraire à Dijon
il se forma aux cours du soir et gagna Paris à 20 ans. Tailleur
de pierre le jour, élève de la Petite École la
nuit – ancêtre de l’École nationale des arts
décoratifs – il habita, dès 1877, rue Campagne-Première
qu’il ne quitta plus. Dès 1879 il exposa au Salon des portraits,
le gagne-pain des sculpteurs. Il épousa en 1882 Berthe Velain
couturière. Nous connaissons ses pratiques à partir de
1884 grâce aux livres de comptes conservés au musée
d’Orsay.
Au Salon de 1888 sa Cosette
inspirée de Victor Hugo obtint une médaille de 3e classe
mais ne fut pas achetée.La même
année à Saulieu une oie vue à contre-jour lui révéla
la force de la simplification. En 1890 il entra dans l’atelier
de Rodin tout en continuant à travailler pour les autres. À
partir de 1896 Charles René de Saint-Marceaux l’employa,
bientôt à temps complet et l’emmena les étés
à Cuy-Saint-Fiacre. Pompon trouva des modèles dans la
basse-cour. Il se fabriqua un établi portatif pour travailler
à l’extérieur en Normandie comme au jardin des Plantes
à Paris. Au grand air, la vérité d’une forme
ne lui parut plus suffisante pour donner la sensation de la vie. L’art
japonais que découvrait l’Europe exaltait l’économie
de moyens.En 1906, le fondateur-éditeur
A. A. Hébrard acheta sa Poule cayenne
en toute propriété
Pompon toujours fidèle au Salon des artistes français
y exposa la Taupe
en 1908 mais ce fut au Salon d’automne de 1922 que son Ours
blanc agrandi le révéla au
public. Traduit en pierre, l’Ours entra en 1929 au musée
du Luxembourg. Les petits modèles furent fondus en bronze par
Claude Valsuani ancien chef d’atelier d’Hébrard qui
s’était mis à son compte. Pompon connut dix ans
de gloire internationale, exposé au Japon, au Brésil,
aux États-Unis. N’ayant pas d’enfant, il légua
en 1929 sa sculpture à l’État français. Son
exécuteur testamentaire, le peintre René Demeurisse, devait
détruire les moules et les plâtres en surnombre. C’est
le contraire qui arriva.
Le contenu de l’atelier de Pompon reconstitué au Muséum
fut transporté à Dijon en 1948, sur pression du chanoine
Kir, député-maire de Dijon.
Le besoin de stabilité des années 1920 qu’on appela
« le retour à l’ordre », trouva en Pompon un
maître du volume et du mouvement compressés dans une forme
simplifiée et lisse.