Né le 8 août 1905 dans une famille parisienne, André
Jolivet aborda la musique assez tardivement. On découvre un
jeune homme passionné par le théâtre, le violoncelle
et la peinture qu’il pratique auprès du peintre cubiste
Georges Valmier. La première grande rencontre musicale sera
celle de Paul Le Flem qui conduit ses premiers pas de compositeur
puis lui fait rencontrer en 1929 Edgard Varèse. Celui-ci entame
avec Jolivet une correspondance où il se livre avec une totale
sincérité et qui durera jusqu’à sa mort.
En 1935, en écrivant Mana,
œuvre pour piano inspirée par des objets fétiches
donnés par Varèse, Jolivet signe un véritable
manifeste révolutionnaire. Il se joint aux compositeurs qui
veulent penser une musique nouvelle, d’abord au sein de la Spirale
puis en formant avec Olivier Messiaen, Yves Baudrier et Daniel-Lesur
le groupe Jeune France. Ils se réapproprient les références
aux musiques médiévales et extra-européennes,
tout en assignant à la musique une valeur humaniste fondamentale.
La Deuxième Guerre mondiale inspire à Jolivet, lui-même
combattant, des œuvres d’une haute conception spirituelle.De
1945 à 1959, il devient directeur de la musique de la Comédie-Française
où il fait revivre les musiques de Lully et conçoit
des musiques de scène qui féconderont sa production
musicale. Sa carrière de chef d’orchestre l’entraîne
dans le monde entier, notamment au Japon, dans les pays de l’Est,
aux États-Unis et au Mexique. En 1966, il succède à
Darius Milhaud comme professeur de composition au Conservatoire de
Paris. Avec un catalogue de plus de deux cents œuvres, Jolivet
a abordé tous les genres – la symphonie, les œuvres
pour chœur et orchestre, la musique de chambre, le ballet –
avec une prédilection pour la flûte à laquelle
il destine un chef-d’œuvre : les Cinq
incantations (1936). La musique pour soliste
et orchestre, composée dans les années 1950-1967, marque
le public par sa puissance et son originalité et inspire de
nombreuses chorégraphies.
André Jolivet laisse l’image d’un esprit libre,
indépendant des modes, profondément convaincu de la
fonction universelle et transcendante de l’art.