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programme des manifestations
« Il est vrai que M. de Meaux est mort ce matin, 12 avril
1704, quatre heures un quart » ; par ces mots, François
Ledieu, le secrétaire de l’évêque, consignait
la mort de Bossuet dans le journal qu’il tenait depuis que,
vingt ans plus tôt, il était entré à
son service.
Pour nous, Bossuet reste avant tout un prédicateur, qui prononça
des sermons et des oraisons funèbres dont la tradition scolaire
a fait des modèles de la langue et du style classique, mais
sa pensée théologique et politique, objet d’admiration
systématique pour les uns et de condamnation sommaire pour
les autres, mérite d’être exactement appréciée
dans le cadre de l’histoire religieuse, intellectuelle et
littéraire du XVIIe siècle. Évêque de
Condom, précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV, puis évêque
de Meaux en 1681, Jacques-Bénigne Bossuet, qui fit une carrière
particulièrement brillante pour le descendant d’une
bonne famille de bourgeois bourguignons, écrivit pour l’éducation
de son royal élève des livres d’histoire (Discours
sur l’histoire universelle), de philosophie, de politique
(Politique tirée des propres paroles
de l’Écriture sainte), qui, au-delà du
rôle de la Providence divine, tentaient de penser rationnellement
la suite des événements de l’histoire, les principes
de la politique et ce qui constitue la nature de l’homme.
Cependant, méfiant à l’égard
de toute nouveauté, Bossuet s’opposa à Richard
Simon, génial fondateur de la critique biblique, ainsi qu’aux
mystiques modernes qu’il accusait de s’écarter
de la tradition théologique. Car la pensée de Bossuet
était ancrée dans la Bible et dans la tradition des
Pères de -l’Église, de saint Bernard et de saint
Thomas, et si le cartésianisme avait retenu son attention,
c’était pour sa tentative d’interpréter
scientifiquement la nature, mais Bossuet redoutait les conséquences
de ce système à l’ombre duquel il -pressentait
la venue d’un « grand combat » contre le christianisme.
La pensée de Bossuet est inséparable de la perfection
de la forme en laquelle elle s’exprime, où la chaleur
du lyrisme et la rigueur dialectique emportent l’admiration
du lecteur, même si elles n’entraînent pas toujours
sa conviction : les Élévations
sur les mystères et les Méditations sur l’Évangile
qu’il composa pour les religieuses de son diocèse développent
ainsi en une rhétorique chaleureuse les grandes vérités
du christianisme.
Cette œuvre représente un moment capital de la pensée
religieuse et de l’expression littéraire en France
; dans ces conditions, la mort de Bossuet en 1704 peut marquer symboliquement
la fin d’un âge de la pensée et l’avènement
d’un monde nouveau, moment que Paul Hazard avait appelé
la crise de la conscience européenne.
Jacques Le Brun
directeur d’études honoraire
à l’École pratique des hautes études
Hyacinthe Rigaud et David Leclerc
Musée Bossuet – Palais épiscopal
© Robert César, Paris