Avant-propos Préface Les auteurs communiqué
    SOMMAIRE  
Autres anniversaires Union européenne régions Orientation bibliographiques Index alphabétique repères chronologiques

Célébrations nationales 2004
Littérature et sciences humaines
Jacques-Bénigne Bossuet
Dijon, 27 septembre 1627 – Paris, 12 avril 1704

> programme des manifestations

« Il est vrai que M. de Meaux est mort ce matin, 12 avril 1704, quatre heures un quart » ; par ces mots, François Ledieu, le secrétaire de l’évêque, consignait la mort de Bossuet dans le journal qu’il tenait depuis que, vingt ans plus tôt, il était entré à son service.

Pour nous, Bossuet reste avant tout un prédicateur, qui prononça des sermons et des oraisons funèbres dont la tradition scolaire a fait des modèles de la langue et du style classique, mais sa pensée théologique et politique, objet d’admiration systématique pour les uns et de condamnation sommaire pour les autres, mérite d’être exactement appréciée dans le cadre de l’histoire religieuse, intellectuelle et littéraire du XVIIe siècle. Évêque de Condom, précepteur du Dauphin, fils de Louis XIV, puis évêque de Meaux en 1681, Jacques-Bénigne Bossuet, qui fit une carrière particulièrement brillante pour le descendant d’une bonne famille de bourgeois bourguignons, écrivit pour l’éducation de son royal élève des livres d’histoire (Discours sur l’histoire universelle), de philosophie, de politique (Politique tirée des propres paroles de l’Écriture sainte), qui, au-delà du rôle de la Providence divine, tentaient de penser rationnellement la suite des événements de l’histoire, les principes de la politique et ce qui constitue la nature de l’homme.

Cependant, méfiant à l’égard de toute nouveauté, Bossuet s’opposa à Richard Simon, génial fondateur de la critique biblique, ainsi qu’aux mystiques modernes qu’il accusait de s’écarter de la tradition théologique. Car la pensée de Bossuet était ancrée dans la Bible et dans la tradition des Pères de -l’Église, de saint Bernard et de saint Thomas, et si le cartésianisme avait retenu son attention, c’était pour sa tentative d’interpréter scientifiquement la nature, mais Bossuet redoutait les conséquences de ce système à l’ombre duquel il -pressentait la venue d’un « grand combat » contre le christianisme.

La pensée de Bossuet est inséparable de la perfection de la forme en laquelle elle s’exprime, où la chaleur du lyrisme et la rigueur dialectique emportent l’admiration du lecteur, même si elles n’entraînent pas toujours sa conviction : les Élévations sur les mystères et les Méditations sur l’Évangile qu’il composa pour les religieuses de son diocèse développent ainsi en une rhétorique chaleureuse les grandes vérités du christianisme.

Cette œuvre représente un moment capital de la pensée religieuse et de l’expression littéraire en France ; dans ces conditions, la mort de Bossuet en 1704 peut marquer symboliquement la fin d’un âge de la pensée et l’avènement d’un monde nouveau, moment que Paul Hazard avait appelé la crise de la conscience européenne.


Jacques Le Brun
directeur d’études honoraire
à l’École pratique des hautes études

 

Hyacinthe Rigaud, Musée Bossuet – Palais épiscopal et David Leclerc, © Robert César, Paris
Hyacinthe Rigaud et David Leclerc
Musée Bossuet – Palais épiscopal
© Robert César, Paris

Direction des Archives de France
Délégation aux Célébrations nationales
56, rue des Francs-Bourgeois - 75003 Paris
Renseignements : 01 40 27 62 01