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Célébrations nationales 2004

>> 1804, L’Empire

Le style Empire

> programme des manifestations

Le style Empire déborde des limites chronologiques du règne de Napoléon Ier, dont il ne porte d’ailleurs pas le nom, malgré l’impulsion que lui donne ce souverain, par ses commandes et ses directives. Ce style s’insère dans le courant européen du néoclassicisme, né vers 1760-1770 ; il prolonge, vers 1795, après la coupure révolutionnaire, mais sans solution de continuité stylistique, le style Louis XVI, et ne perd de sa vigueur que dans les années 1820. Ce style s’impose comme un modèle à travers toute l’Europe, notamment grâce aux frontières élargies du Grand Empire.

Deux architectes, Charles Percier (1764-1838) et Pierre-Léonard Fontaine (1762-1853) qui ont étudié à Rome les monuments de l’Antiquité et de la Renaissance, vont jouer un rôle fondamental dans la définition et la diffusion du style Empire. Fontaine obtient les titres : d’abord architecte du Louvre et des Tuileries, puis, à partir de 1813, Premier architecte de l’Empereur. Percier est plutôt l’homme de cabinet, qui dessine, mais également qui enseigne. Ensemble, ils exercent un réel pouvoir sur l’architecture et les arts décoratifs. Ils fournissent d’innombrables modèles, nourris de leur érudition archéologique, aux manufactures de Sèvres, de la Savonnerie ou de Beauvais, à l’orfèvre Martin-Guillaume Biennais (1764-1843) ou à l’ébéniste François-Honoré Jacob-Desmalter (1770-1841). Ils savent diffuser leur œuvre par la publication de recueils de gravures. Leur plus célèbre publication est le Recueil de décorations intérieures, qui paraît par cahiers à partir du Consulat, puis en édition complète en 1812, et fait ensuite l’objet de rééditions, qui témoignent de la pérennité de son influence. Ce recueil rassemble des planches, gravées au trait, non seulement de décors intérieurs mais de meubles et d’objets, réalisés d’après des dessins des deux artistes, pour divers commanditaires. Le vocabulaire décoratif fait l’unité du recueil ; l’ornement végétal, très stylisé, se réduit à l’omniprésente palmette, au fleuron, à la rosace ou au rinceau ; un bestiaire antique s’impose : cygne, lion, griffon, sphinx.

Dominique-Vivant Denon, directeur du musée du Louvre, exerce également une influence sur les arts décoratifs, particulièrement sur les créations de la manufacture de Sèvres, qui utilise parfois pour modèles des gravures de son Voyage en Haute et Basse-Égypte.
On peut distinguer deux phases dans l’évolution du style Empire. Dans un premier temps, l’Antiquité est considérée avec un œil presque archéologique. Les sièges en acajou ont des pieds en sabre, dits à l’étrusque, et des dossiers en crosse, parfois encore ornés d’incrustations en ébène ou en étain, sous le Consulat. À partir des années 1805-1808, les lignes se raidissent et s’alourdissent. La volonté d’apparat et de grandeur, qui guide l’ameublement des résidences impériales, contribue certainement à cette évolution. Napoléon passe en effet des commandes considérables de meubles, de bronzes d’ameublement et de soieries, afin de remeubler les palais vidés sous la Révolution, notamment les Tuileries, Saint-Cloud, Fontainebleau et Compiègne. Les sièges ont des dossiers droits et des pieds en double balustre, et sont en bois doré plutôt qu’en acajou ; les accotoirs s’achèvent par des enroulements.

Les meubles d’appui, les commodes ou les secrétaires adoptent des formes géométriques très simples, et l’acajou disparaît sous des appliques en bronze doré, à motifs antiques, quand il n’est pas remplacé par un bois indigène (orme, frêne…), par suite du blocus continental. Le style Restauration s’annonce.

Anne Dion-Tenenbaum
conservateur du patrimoine au musée du Louvre
département des objets d’art

Fontaine à thé de Martin-Guillaume Biennais, orfèvrerie, argent et nacre vers 1810, Musée du Louvre © RMN / Michèle Belot
Fontaine à thé de Martin-Guillaume Biennais,
orfèvrerie, argent et nacre vers 1810
Musée du Louvre © RMN / Michèle Belot

Armoire serre-bijoux de l’impératrice Joséphine dite « grand écrin » Jacob-Desmalter, Charles Percier, Pierre-Philippe Thomire 1809, Musée du Louvre © RMN / Arnaudet
Armoire serre-bijoux de l’impératrice Joséphine dite « grand écrin »
Jacob-Desmalter, Charles Percier,
Pierre-Philippe Thomire 1809
Musée du Louvre © RMN / Arnaudet

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