2003
~ Littérature et sciences humaines ~
> programme des manifestations Edgar Quinet naît à Bourg-en-Bresse, le 17 février 1803. Sur son éducation sexerce une double influence : le catéchisme libéral dune mère calviniste et la légende de la Grande Armée que sert, au loin, un père « commissaire aux Armées ». Le philosophe de lhistoire tiendra le plus grand compte du « génie des religions », tandis que le poète nourrira avec constance, dAhasvéruse (1833) à Merlin lEnchanteur (1860) en passant par Napoléon (1836), un projet épique. En 1825, étudiant le droit à Paris et traduisant les Idées de Herder, Quinet consulte Cousin, qui lui présente Michelet, traité sur le champ en frère délection. Fasciné par lAllemagne savante et romantique, il sétablit à Heidelberg lannée suivante. Il y fréquente Creuzer, dont il admire la Symbolique.Il y épouse Minna Moré, fille de pasteur. Mais, de retour dans sa patrie dadoption après avoir participé, comme « archéologue », en 1829, à une mission scientifique française en Morée, il ne tarde pas à déplorer un « engouement subit de la puissance et de la force matérielle », dont il avertit lopinion française. Cest dire quil accepte avec empressement à Lyon, en 1839, une chaire de « littérature étrangère ». Mais il lui préfère celle qui est créée pour lui, peu après, au Collège de France. Il sallie à Michelet pour dénoncer publiquement, en 1843, l« esprit de mort » de la compagnie de Jésus, puis pour réveiller lesprit de la Révolution, « beaucoup plus proche du christianisme que ne lest aujourdhui lÉglise » (Le Christianisme et la Révolution, 1845). La jeunesse des Écoles applaudit et se mobilise dans la rue. Les deux agitateurs sont, lun après lautre (Quinet dès 1845), suspendus. La révolution de février 1848 leur rouvre triomphalement le Collège de France. Mais Quinet préfère représenter le département de lAin à la Constituante, puis la Législative. Il y conteste aussi bien le secours militaire accordé au pape contre les patriotes de Garibaldi que le vote clérical de la loi Falloux. Comme les républicains les plus rebelles au Prince président, il doit senfuir le 2 décembre 1852. Un long exil sensuit, à Bruxelles, puis à Veytaux, au bord du Léman, en compagnie de la roumaine Hermione Asaky, épousée après le décès de Minna. Quinet sinterroge sans complaisance sur le double échec de la I ère et de la II e République. Il y voit celui dune révolution politique nullement initiée et préservée de la tentation totalitaire, comme le fut lAngleterre puritaine de la « Grande Révolution » de 1689, par une révolution religieuse. Quinet contredit ainsi et pour la première fois Michelet, qui persiste à soutenir que la « Révolution » de 1789 fut, en soi, une « Fondation » religieuse. Rapatrié en septembre 1870 par la proclamation de la République, Quinet senferme bientôt dans Paris assiégé, dont il partage lintraitable volonté de résistance à linvasion germanique. Élu député de la capitale en février 1871, il condamne, au printemps, la sanglante répression de la Commune. Jusquà la mort, qui le frappe à Versailles le 27 mars 1875, un an après Michelet, il dénoncera le projet, conçu par Thiers, dune « république sans républicains ».
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