2003
~ Arts ~
> programme des manifestations On pourrait dire de Pissarro, comme on la dit dHokusaï,quil était « fou de dessin ». Connaissant par ses lettres son tempérament sage et pondéré, « fou » nest pas le terme approprié. Disons plutôt quil avait senti tout jeune que le des-sin est à la base de toute uvre dart. Pourquoi a-t-il accordé tant dimportance à lestampe (gravures, lithographies...) si ce nest parce quil savait quen les exécutant il simprégnait de la base du métier ? On peut dire « métier » car, pour lui, travailler quotidiennement devant son chevalet était une tâche naturelle, tel un artisan rivé àson outil de travail. Arrivé àParis en 1855, juste à temps pour parcourir lexposition universelle, il retiendra principalement de cette visite lémotion éprouvée devant les uvres de Corot ; il se promet, connaissant la qualité de son accueil, de rencontrer le maître. Très longtemps, il subira linfluence de ce grand paysagiste jusquà ce quil fasse, en 1885, la connaissance des jeunes néo-impres-sionnistes- pointillistes Seurat et Signac et pratique, pendant une courte période, leur méthode. Il sinscrit dabord aux cours de lacadémie
Suisse dirigée par le « père Suisse », ancien
élève de David, qui dispensait son savoir en donnant la
préférence à des académies de modèles
vivants. Mais Pissarro est avant tout un paysagiste ; il le prouve lors
du premier salon des artistes français où il est accepté
en 1859, avec Paysage à Montmorency. Mais justement, pour varier ses motifs et séduire
une clientèle encore rare, il se réserve quelques escapades,
toutes prétextes à de nouveaux motifs : en Mayenne auprès
de son ami Piette, à Londres où il se lie avec Durand-Ruel
(1870-1871) qui dorénavant lexposera. À Paris, il
a aussi recours à de petits marchands comme Tanguy, Martin, Portier...
Après la Commune, il réintègre la France et habite
un temps à Louveciennes. Lorsque, de 1874 à 1886, le groupe des Impressionnistes se rassemble et organise ses expositions en marge du Salon officiel, Pissarro fait preuve là encore de son esprit davant-garde ; il se donne tout entier à cette « nouvelle peinture » et reste fidèle à la « petite bande » pendant ses huit manifestations. Peintre sensible entre tous, jamais satisfait, Pissarro a toujours été àla recherche du meilleur de son art et de lui-même, et cela durant toute sa vie.
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