~ Arts ~ Répétition générale de Pelléas
et Mélisande à l'Opéra-Comique (Paris) |
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Claude Debussy © Rue des Archives / TAL 12e tableau : La Surprise © Cliché Bibliothèque nationale de France
Parvenant à se dégager largement de l'emprise wagnérienne
et des chaînes de l'écriture franckiste, il a commencé à forger les
éléments d'un langage propre, le plus novateur de toute cette époque. Parmi les habituels amateurs d'opéra, beaucoup se sentaient
frustrés dans leurs habitudes : au lieu de chanteurs à la voix avantageuse
et d'airs à retenir, une sorte de récitatif, souple et sensible, dans
une atmosphère irréelle où apparaissaient des personnages un peu indécis,
sortes de marionnettes du Destin. C'est du reste davantage le texte
de Maeterlinck que la musique qui provoqua rires et quolibets. La première
- le 30 avril - fut plus calme et, peu à peu, dans les représentations
suivantes, Pelléas s'imposa et fut répété
quatorze fois en deux mois. L'accueil fait aux premières représentations fut très contrasté. La presse se partagea tout naturellement entre conservateurs, soucieux de la tradition du genre, et partisans de la modernité, mais non sans surprises : malgré ses principes, le docte Vincent d'Indy se montra relativement favorable, de même que l'influent critique du Temps, Pierre Lalo. C'était le petit monde musical qui était le plus agité. Un groupe de bouillants prosélytes, qu'on appela le " bataillon sacré ", se tenait dans les troisièmes galeries pour combattre les récalcitrants ; certains ne manquèrent pas une représentation. Si Gabriel Fauré se montrait réticent, Maurice Ravel et ses amis débordaient d'enthousiasme et Déodat de Séverac s'inquiétait déjà (" est-il possible de trouver encore après Pelléas ? "). Comme dans beaucoup de combats esthétiques, les snobs contribuèrent aussi au succès ; on allait bientôt les appeler les Pelléastres. Avec Pelléas, Debussy se
trouva porté au premier plan de l'actualité musicale, même s'il refusa
toujours de jouer lui-même le rôle de chef d'école. Restait à vérifier
que ce chef-d'œuvre du symbolisme n'allait pas reposer dans ce qu'on
a appelé le " no man's land " de l'art lyrique mais réussir à s'installer
au répertoire. Du vivant du musicien, l'opéra avait déjà voyagé avec
des succès divers à Bruxelles, en Allemagne, à Londres, Rome, New York,
Milan, enfin Saint-Pétersbourg, mais pendant longtemps son esthétique
exceptionnelle l'a un peu fait considérer comme un opéra pour initiés. L'œuvre a bénéficié avec le temps d'une plus large compréhension,
d'un approfondissement autant sur le plan dramaturgique que sur le plan
musical. Même le texte de Maeterlinck, souvent dénoncé pour sa trivialité,
est apparu plus poétique et évocateur. D'une interprétation en demi-teinte, qui en réduisait la
portée, on est passé à une lecture plus contrastée, qui intensifie les
progressions dramatiques. Quant à la distribution vocale, elle reste
toujours délicate car, outre l'ambiguïté des registres, elle nécessite
non seulement des voix bien éloignées de la vocalité vériste ou wagnérienne
mais aussi des tempéraments qui s'harmonisent avec le climat de poésie
et de mystère sur lequel l'œuvre repose. † François Lesure - Sommaire - Célébrations nationales 1999 - - Célébrations nationales 2000 - - Célébrations nationales 2001- - Haut de la page -
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