Célébrations nationales 2002 2002

Autres anniversaires signalés


Sainte Geneviève et le diable miniature sur parchemin
Sainte Geneviève et le diable miniature sur parchemin, XIIIe siècle,
tirée du censier de la pitancerie de l'abbaye Sainte-Geneviève, 1276 - 1277
Paris, CHAN, section ancienne © Service photographique du CHAN

Proposer, chaque année, une liste de " célébrations nationales " oblige à faire des choix, souvent difficiles, afin de mettre l'accent sur les faits majeurs propres à éclairer la réflexion contemporaine et sur des personnalités, des œuvres, des événements, qui paraissent devoir être mis particulièrement en valeur comme les repères d'une mémoire nationale. Mais d'autres anniversaires, dont la notoriété n'est pas forcément moindre, ont aussi, pour certains d'entre nous une valeur affective, pour tous une portée éducative. Cette rubrique en signale quelques-uns, qui font incontestablement partie de notre culture, de notre histoire et de notre patrimoine. Les notices de cette rubrique ont pour auteur Danièle Neirinck, chargée de la délégation aux célébrations nationales et Arlette Grimot, attachée d'administration centrale.


~ Vie politique et institutions ~

- Sainte Geneviève
Nanterre, v. 422 - Paris, v. 502
> manifestations

Aux heures héroïques de l'histoire de la France, des femmes jouent souvent un rôle décisif. Il en fut ainsi de Geneviève qui sauva Paris, qui s'appelait encore Lutèce et n'était pas encore la Capitale et qui demeure le symbole de la résistance gallo-romaine contre les Barbares. Remarquée dans son enfance par les saints Germain d'Auxerre et Loup de Troyes, elle est vouée à Dieu. Femme de caractère, elle construit la première basilique sur le tombeau de Denis, premier évêque de Paris.
En 451, elle galvanise la cité lors de l'arrivée des hordes d'Attila qui venaient de mettre Metz à sac.
Paris ne tombe pas aux mains des envahisseurs.
Elle meurt un 3 janvier. Elle est ensevelie sur le mont Lucotitius.
Sur son tombeau, Clovis fait élever une basilique où lui-même et sa femme, Clotilde, sont enterrés en 511 et 545. Dès le VIe siècle, Geneviève est une sainte très populaire. La basilique prend son nom, devient lieu de pélerinage et centre intellectuel important. C'est ainsi que le mont Lucotitius devint la montagne Sainte-Geneviève, où s'installa la première université parisienne. En 1764, les chanoines de Sainte-Geneviève construisent une nouvelle église qui devient le Panthéon. Rendue au culte en 1806, elle redevient Panthéon en 1830, église en 1851 et définitivement Panthéon en 1885.
Les reliques de Sainte Geneviève sont conservées à Saint-Étienne-du-Mont aujourd'hui centre du culte de la patronne de Paris.


Saint Léon IX (Brunon d'Eguisheim - Dagsbourg)
Eguisheim, 21 juin 1002 - Rome, 19 avril 1054
> manifestations

Fils du comte Hugues de Nordgau, Bruno(n) est un noble de haut niveau qui fait ses études à l'école cathédrale de Toul puis fréquente la Cour. En 1026, il est choisi comme évêque par le peuple de Toul. Ascète, bon prédicateur, Bruno frappe ses contemporains. Évêque, il introduit l'esprit de Guillaume de Volpiano dans son diocèse.
À la mort de Damase II, deuxième des qua-tre papes allemands, il est choisi comme successeur par Henri III. Il n'accepte le pontificat qu'après avoir été acclamé par les Romains. Intronisé le 12 février 1049 sous le nom de Léon IX, il inaugure la grande rénovation de l'Église connue sous le nom de réforme grégorienne. Il défend la suprématie pontificale, réorganise la Curie. Il lutte pour la réforme des mœurs ecclésiastiques, contre la simonie et l'incontinence du clergé.
Voyageur infatigable il préside de multiples synodes au cours desquels il se montre ferme face aux prélats et aux abbés. Il y fait s'affirmer la nécessité de l'élection des évêques par le clergé et le peuple. Le pontificat de Léon IX représente donc un moment important dans l'histoire de l'Église et de la papauté.


- Début de l'enseignement de Thomas d'Aquin à Paris
Année académique 1252 - 1253

Thomas est né au château de Roccasecca, près d'Aquin en Sicile, probablement en 1225. On ignore où il a passé certains moments importants de sa formation universitaire. Il a fréquenté l'université de Naples, fondée en 1224 par Frédéric II. Il y a commencé ses études de philosophie et découvert Aristote. C'est là qu'il se sent attiré par l'idéal des frères prêcheurs. Il entre dans l'Ordre vers 1240, fait son noviciat à Naples, puis poursuit ses études à Cologne, le centre créé par l'Ordre pour décharger Paris. Il y est ordonné prêtre et suit les cours d'Albert le Grand qui ont une influence décisive sur sa pensée. Il est nommé pour l'année 1252-1253 bachelier dans l'école des étrangers du studium generale du couvent de Saint-Jacques à Paris. Il y est chargé du cours d'exégèse.
Il demeure à Paris jusqu'en 1259, écrit son exposition des Sentences, le De ente essentia et le De principiis naturae, obtient la licence, est reçu parmi les maîtres en théologie de Paris, le 15 août 1257. Dès septembre 1256, il avait commencé un enseignement public au studium generale. Il regagne l'Italie mais reprendra son enseignement à Paris de 1260 à 1274.
Thomas commence ainsi à offrir à l'élite de la jeunesse européenne, alors rassemblée à Paris, un enseignement novateur. Poursuivant et développant l'œuvre de son maître, Albert le Grand, il introduit et intègre le système aristotélicien à la pensée catholique et le fait entrer dans l'enseignement universitaire.


- Jean Duns Scot commente les Sentences de Pierre Lombard à Paris
Année académique 1302 - 1303
> manifestations

Cinquante ans après Buon Fra Tomaso, le dominicain, Jean Duns Scot, le franciscain, enseigne, à son tour, à Paris qui demeure un des grands centres intellectuels. Les renseignements sûrs sur sa vie sont rares. On peut les résumer ainsi : " l'Écosse le vit naître, l'Angleterre l'accueillit, la France l'éduqua, Cologne conserva sa dépouille ". Il serait entré chez les Franciscains de Dumfries avant 1280, très jeune puisqu'on situe sa naissance vers 1265 à Duns, près de Berwick. Il est ordonné prêtre au prieuré Saint-André de Northampton. Il y commence ses études au Studium, les poursuit à Oxford, puis à Paris en 1293-1298, à Cambridge en 1299-1300 où il commente, comme bachelier, les Sentences de Pierre Lombard. Il continue cet enseignement à Oxford, de nouveau, puis à Paris (anno 1302- intrante 1303).
Le 25 juillet 1303, il refuse de souscrire à la pétition de Philippe le Bel contre Boniface VIII et se réfugie provisoirement à Oxford. Il revient à Paris en 1305, y accède au doctorat, devient maître régent du studium des mineurs. Il est envoyé à Cologne en 1307 et y meurt le 8 novembre 1308.
Lorsque le doctor subtilis s'engage dans la vie scientifique, l'école franciscaine, qui place Dieu au centre de la vie et de la science est élaborée. Il l'a précisée, étayée par la méthode scolastique avec une maîtrise telle que l'école scotiste est devenue synonyme d'école franciscaine.


- Conquête des Canaries par Jean de Béthencourt
1402
> manifestations

Si, à l'aube du XIVe siècle, l'Orient commence à être assez bien connu, l'Afrique reste une terre de fascination et de légende. Mais les différents chocs monétaires qui ébranlent les royaumes d'Occident, la quête du Paradis terrestre et celle de l'Atlantide, parfois la soif de savoir, souvent celle de l'or ou l'ambition d'un royaume indépendant, vont pousser explorateurs et aventuriers vers des entreprises que permettent les progrès de la navigation.
Vers 1400, nombreux sont les bateaux qui se succèdent aux Canaries. Néanmoins, crainte du volcan de Ténérife et hostilité des habitants, nul n'a encore songé à s'y établir. C'est dans ce contexte que Jean de Béthencourt, né vers 1360, riche seigneur du pays de Caux qui ne dédaigne pas de se livrer à la piraterie, s'associe à Gadifer de La Salle, un officier royal, et arme trois navires qui quittent La Rochelle le 1er mai 1402.
Arrivés à Lanzarote fin juillet, ils proclament leur seigneurie sur l'île. Parallèlement, Jean de Béthencourt développe un véritable projet de colonisation mais les désillusions conduiront à une situation quasi insurrectionnelle ; tempêtes et naufrages achèveront sa ruine. Il vendra son " royaume " à l'Espagne pour rentrer en Normandie, dans son village natal de Grainville-la-Teinturière, où il connaîtra une vieillesse difficile avant de s'éteindre en 1425, sans savoir que la postérité retiendra son nom parmi ceux des navigateurs qui lui ont ouvert le monde.


- Francisco de Jaso, dit Saint François Xavier
Château de Javier près de Pampelune, 1506 - Île de Sancian, auj. Shangchuan, sud de Canton, 1552

Cadet d'une famille de Navarre, il est destiné à l'état ecclésiastique. Renonçant à une carrière, il fonde, avec Ignace de Loyola et Pierre Favre, la Compagnie de Jésus. Il en incarne plus que tout autre la synthèse entre la vocation enseignante et la vocation apostolique : en 1541, il s'embarque pour l'Inde, accrédité par un bref du Pape mais à la demande de Jean de Portugal.
Ses premières étapes le mènent au Mozambique, à Goa, où il prend en charge un établissement d'enseignement. Puis ses pas le conduisent à Malacca, à Cochin, aux Moluques, au Japon ; il meurt en tentant de gagner la Chine, alors fermée aux Européens. En même temps qu'il évangélise et convertit, non seulement des populations défavorisées mais aussi des princes, il prend la mesure des hautes civilisations auxquelles il se confronte, et il s'imprègne des langues locales.
Prédicateur très écouté, c'est aussi à travers ses lettres à Ignace de Loyola, largement divulguées, qu'il provoque l'engouement pour les missions dont il deviendra le patron emblématique.

- Les tremblements de terre de Saint-Domingue
1752

" Voici le dernier jour du monde… La ville de Lima éprouva les mêmes secousses… l'année passée… Il y a certainement une traînée de soufre sous terre depuis Lima jusqu'à Lisbonne… " Ces quelques lignes du Candide de Voltaire illustrent parfaitement l'instabilité récurrente de ce qu'on appellera plus tard " l'arc caribéen ". Si les données scientifiques restent relativement rares, en revanche les témoignages abondent, notamment sur le tremblement de terre de Saint-Domingue de 1751-1752, quand des secousses répétées ravagèrent l'île et détruisirent Port-au-Prince, anéantissant la population.
C'est à cette occasion que des observations précises et minutieuses permirent d'établir que les constructions en pierre, réputées les plus solides - en tout cas les plus prestigieuses - avaient moins bien résisté au dé-sastre que les " fragiles " maisons de bois, inaugurant ainsi la réflexion sur l'architecture en milieu sismique, en même temps que sur les conséquences environnementales de ces cataclysmes.
Toutefois, cette prise de conscience ne s'accompagna malheureusement pas de mesures parasismiques lors de la reconstruction.

- Début de l'exploitation minière à Carmaux
12 septembre 1752
> manifestations

L'arrêt du 14 janvier 1744 qui porte organisation générale de l'exploitation de la houille en France est peu connu. Il essaie de structurer rationnellement, l'exploitation du charbon dans la crainte d'un trop rapide déboisement de la forêt française, donne un cadre à l'exploitation minière, rappelle que le roi est propriétaire du sous-sol et instaure un contrôle des exploitations. On peut considérer 1752 comme l'année du début d'une exploitation industrielle des mines de Carmaux. Se conformant au récent arrêt, Gabriel-Charles de Solages, communément appelé " le chevalier ", obtient du roi la concession des mines Carmaux.
L'activité minière y est bien antérieure, mais l'exploitation dans les "caves" y était encore proche de la cueillette. Par une habile politique matrimoniale, la famille de Solages, originaire du Rouergue, était devenue au cours du XVIIIe siècle seigneur de la région de Carmaux. Le " chevalier " est un noble entreprenant qui a compris la nécessité d'exploiter les veines, d'amener de l'air dans des galeries bien étayées et d'en extraire l'eau.
Mais il doit faire face aux propriétaires fonciers locaux qui veulent exploiter le charbon sur leurs terres et sont soutenus par les États de Languedoc qui, s'appuyant sur le droit écrit, affirment que les propriétaires du sol le sont aussi du sous-sol.

- Louis Delgrès
Saint-Pierre, Martinique, 1772 - Matouba, Guadeloupe, 1802
> manifestations

Malgré un parcours original sous la Révolution, c'est par sa mort en 1802, en luttant contre le rétablissement de l'esclavage dans les colonies, que Louis Delgrès est entré dans l'Histoire. Contre le racisme et l'asservissement et au nom de la dignité humaine, de la justice et du " droit naturel de résistance à l'oppression ", sa proclamation, sans haine mais déterminée, affichée dans les rues de Basse-Terre le 10 mai 1802, s'adresse à l'univers entier, " dernier cri de l'innocence et du désespoir " devant les espérances brisées. Le soulèvement qui commence dès le 11 mai ne s'achève que quinze jours plus tard par la défaite trop prévisible des esclaves révoltés et, sur les hauteurs de Matouba, Delgrès et les trois cents fidèles qui l'entourent préfèrent la mort à la reddition. La répression qui s'ensuivit fut féroce, faite d'exterminations et de châtiments impitoyables.
Une plaque apposée au Panthéon commémore cet épisode douloureux où la France métropolitaine a renié les principes qui pouvaient initier une identité commune fondée sur celle, non du sol, non du sang, mais des aspirations.


- Pierre Savorgnan de Brazza
Rome, 1852 - Dakar, 1905
- Noël Ballay
Fontenay-sur-Eure, 1847 - Saint-Louis du Portugal, 1902
> manifestations

Né Romain, Italien des États du pape, Savorgnan de Brazza est dès l'enfance fasciné par les récits des marins et des explorateurs. Sa rencontre avec l'amiral de Montaignac lui offre des possibilités qui le déterminent à opter pour la France, où il étudie à l'École Navale avant d'embarquer pour son rêve, l'Afrique, où le rejoint Noël Ballay, un médecin tenté lui aussi par le " grand large " pour renouveler sa pratique professionnelle. D'autres éléments (Alfred Marche, le quartier-maître Hamon, des interprètes,...) intègrent l'expédition pour remonter l'Ogôoué et explorer la région en s'appuyant sur le réseau hydrographique du Congo, en surmontant d'autant plus difficilement les réticences des populations locales que leur entreprise se double d'une lutte contre la pratique de l'esclavage. La nature (forêt dense, inondations,...) contribue à rendre l'exploration exténuante, et Savorgnan de Brazza opère un premier retour à Paris, où il reçoit un accueil triomphal : dans une large mesure, c'est l'opinion publique qui forcera la main des politiques et les conduira à soutenir ces expéditions.
C'est toujours au nom de la France qu'il part pour sa deuxième mission, qui lui vaudra de rencontrer l'un de ses plus précieux auxiliaires, Malamine Kamara, un Maure de Saint-Louis remarquable comme interprète. Brazza et son équipe poursuivent leur œuvre, développent les routes et l'agriculture et, malgré les réserves qui se manifestent en France, obtiennent les crédits nécessaires à une troisième expédition en multipliant conférences et communications aux sociétés savantes. La situation est mûre pour la constitution d'un empire, marquée entre autres par la fondation de Brazzaville en 1884, tandis que, parallèlement, il est devenu nécessaire de mettre un peu d'ordre dans les convoitises des différents pays européens. Tel est en 1885 l'objectif de la conférence de Berlin, où la France est représentée par Noël Ballay, qui avait réussi à établir, notamment au Congo avec le roi Makoko, des relations qui permettaient d'augurer favorablement de ses talents de négociateur.
Lieutenant gouverneur de Guinée, Côte d'Or et Golfe du Bénin, après l'avoir été du Gabon, il devait peu après fonder Conakry tout en continuant à développer les infrastructures de la région. Il mourra en 1902 en luttant contre une épidémie. De son côté Brazza, nommé commissaire général du Gabon et du Congo poursuit, avec des succès divers, son exploration de l'Afrique en direction du Tchad.
Rappelé pour un temps à Paris, il retourne en 1905 en Afrique équatoriale tenter de mettre un terme à des abus qui confinent à l'esclavage, renouant ainsi le fil conducteur de sa vie, avant de s'éteindre à Dakar et d'être inhumé à Alger.


- Création du centre de recherche français de Jérusalem
1er semestre 1952
> manifestations

Le Centre de recherche français de Jérusalem est le plus ancien établissement du CNRS à l'étranger, fruit de la coopération de cet organisme avec le ministère des Affaires étrangères et version moderne de la " mission archéologique française " initiée en 1945 par Jean Perrot en étroite liaison avec René Neuville, consul général de France à Jérusalem et père de la préhistoire scientifique, qui avait su mettre sur pied une équipe pluridisciplinaire dont les travaux restent valables de nos jours. Ce laboratoire archéologique opéra dans un premier temps sans crédits de fonctionnement, avant de recevoir, au premier semestre 1952, l'appui du CNRS, peu avant que s'éteigne René Neuville le 26 juin.
Par la suite, le ministère des Affaires étrangères apportera lui aussi reconnaissance et soutien au Centre, qui sera officiellement créé en tant que tel en 1980. L'ouvrage de Jean Perrot, Et ils sortirent du Paradis : carnets d'un archéologue en Orient, 1945 - 1995, publié chez Fallois en 1997, constitue un témoignage précieux sur le travail accompli. En effet, cette implantation a permis l'ouverture d'une dizaine de chantiers de fouilles et, à partir de 1980, des chercheurs en sciences humaines et sociales ont rejoint les archéologues dans le cadre de coopérations bilatérales pour lesquelles la France est le troisième partenaire d'Israël.
Désormais, les travaux du Centre s'articulent prioritairement autour de la préhistoire et de l'archéologie, des études hébraïques et juives, et de l'Israël contemporain. Dans le souci de faire connaître ses recherches, le Centre organise régulièrement colloques et séminaires et développe une active politique éditoriale.


- Loi portant statut général du personnel communal
28 avril 1952

L'histoire administrative de la France contemporaine n'est pas encore réalisée. La portée de la loi du 28 avril 1952 qui crée le statut du personnel communal et qui intéresse donc aujourd'hui plus d'un million de fonctionnaires territoriaux n'a pas été étudiée. La mise en place des agents communaux s'est faite sans bruit. Au XIXe siècle, les romanciers s'étaient moqués des fonctionnaires de l'État, personnages mal payés, recrutés dans le meilleur des cas pour leur belle écriture. Rien de tel pour le personnel des communes. Tout au plus la lecture des romans du début du XXe siècle permet-elle de faire connaissance d'instituteurs ou de curés employés quelques heures par semaine dans des communes au secrétariat de la mairie. À compter de 1952, la variété des personnels employés dans une municipalité est reconnue : à côté des agents administratifs, les ouvriers, les agents des services extérieurs.
Peu à peu se met en place une harmonisation statutaire assurant la stabilité de l'emploi, un avancement et des droits à la retraite. Les villes ont de plus en plus besoin de personnels compétents recrutés par concours. Le 13 juillet 1972, la loi relative à la formation et à la carrière du personnel communal crée les centres de formation des personnels communaux (CFPC) devenus les CNFPT, organisme paritaire dirigé par des élus locaux et des représentants du personnel communal. Ainsi s'achève la mise en place des personnels communaux explicitement reconnue par la loi du 2 mars 1982.


~ Littérature et sciences humaines ~

- Blaise de Lasseran de Massencome, seigneur de Montluc
Saint-Puy, près de Condom, vers 1500 - Estillac, près d'Agen, 26 juillet 1577

> manifestations
Issu d'une famille de gentilhommes gascons, Montluc est le prototype de ces nobles de la Renaissance dont toute la vie se passa aux combats : campagnes d'Italie d'abord, puis guerres de Religion (donc guerres civiles) ensuite. Montluc aime la guerre. Il gagne à la pointe de l'épée les honneurs et les charges militaires. Célèbre par sa bravoure et sa cruauté, il fut surnommé le " boucher royaliste ". Sous Charles IX, il est lieutenant général au gouvernement de Guyenne et y fait en effet une guerre terrible et sans pitié aux protestants. Après le siège de La Rochelle, il est nommé maréchal et se retire à Estillac en 1574. C'est aussi un chroniqueur. Sous le titre de Commentaires il a laissé des mémoires (" le discours de sa vie ") qui seront publiés pour la première fois à Bordeaux en 1592. Henri IV les surnommait " la Bible des soldats " mais cet ouvrage est plus que cela : une histoire du XVIe siècle écrite par un de ses grands capitaines.

- Olivier de La Marche
Château de La Marche, vers 1425 - Bruxelles, 1502
> manifestations

Issu d'une famille depuis plusieurs générations au service des ducs de Bourgogne, Olivier de la Marche est reçu parmi les pages de Philippe le Bon. Il commence dès 1435 à écrire ses Mémoires, entreprise qu'il poursuivra jusqu'en 1488, tout en s'initiant à la vie militaire, à la diplomatie et à la rhétorique. Armé chevalier au matin de la bataille de Montlhéry (1465), il témoignera toute sa vie d'autant d'hostilité que de respect vis-à-vis de Louis XI, en même temps que d'une loyauté sans faille à la maison de Bourgogne, sans pour autant perdre sa lucidité. Chambellan de Charles le Téméraire, il assumera d'importantes responsabilités en matières financières et diplomatiques (missions notamment en Angleterre, en Bretagne, dans le Milanais). Fait prisonnier devant Nancy (1477), libéré après le versement d'une forte rançon, il offre ses services à Marie de Bourgogne et à l'archiduc Maximilien. Il examinera les comptes de toutes les villes de Flandre, tout en assumant la charge de précepteur de leur fils, Philippe le Beau, pour qui il écrira en particulier son introduction à ses Mémoires, où, par des enseignements tirés de l'histoire, il s'efforce d'en faire un prince sage et aimé de ses sujets. Historien, chroniqueur et poète (Le parement et triomphe des dames, le Chevalier délibéré, poésies pieuses, …), il laisse sur une période particulièrement dense un témoignage sincère et libre.

- Théodore Agrippa d'Aubigné
Près de Pons, Charente-Maritime, 1552 - Genève, 1630
> manifestations

Si on ne lit plus guère Agrippa d'Aubigné, son nom fait toujours passer dans les mémoires le souffle de l'histoire, tant, peut-être, le personnage fascine plus que l'auteur ne séduit. Il est, selon l'expression de Descartes, " nourri aux lettres dès son enfance " et témoignera toute sa vie d'un protestantisme exigeant, pour lequel il renoncera même à son premier amour, Diane Salviati, nièce de la " Cassandre " célébrée par Ronsard. Il prend part aux guerres de religion aux côtés du futur Henri IV dont il restera l'ami fidèle malgré l'abjuration de ce dernier. Mais c'est à Genève, berceau de son espérance, qu'il passera ses dernières années, et verra son fils, qui sera le père de Mme de Maintenon, se convertir au catholicisme. À la fois poète et historien, son œuvre en vers et son œuvre en prose ne reflètent pas le même état psychologique.
Les Tragiques, poème immense de quelque dix mille vers commencé dès 1577, tandis que la guerre civile ravage le pays, tiennent de l'épopée, du pamphlet, de la vision apocalyptique, œuvre à la fois amère et rutilante. Ses travaux d'historien, plus tardifs, se veulent plus objectifs, moins émotionnels, et par là même peut-être plus lourds aux yeux de la postérité, sensible à sa droiture et à son souci de sauvegarder un idéal.

- Marcel Aymé
Joigny, 1902 - Paris, 1967
> manifestations

Rat des villes et rat des champs, Marcel Aymé construit une œuvre qui reflète cette bipolarité, de La Table-aux-crevés (1929) à Maison basse (1935), échappant à la catégorie des écrivains régionalistes pour s'inscrire dans la tradition du roman populaire. Il ajoute à son arc la corde du merveilleux, urbain (Les Sabines, Le Passe-muraille) ou bucolique (La Vouivre). En 1933, son premier grand succès, La Jument verte, l'introduit dans les milieux cinématographiques, et lui ouvre les portes du journalisme littéraire. Malgré des compromissions avec la presse de la collaboration, Marcel Aymé reste apprécié pour son écriture drue et savoureuse, son sens de " l'absurde convaincant ", où il emporte l'adhésion par la cohérence, la logique de la construction, sa liberté de ton qui se rit des hypocrisies, son humour d'autant plus corrosif que le classicisme de la forme en ciselle les pointes. La fin de sa carrière est marquée par ses succès au théâtre, tels Clérembard, 1950 ou La Tête des autres, 1952.

- Fernand Braudel
Luméville-en-Ornois, 24 août 1902 - Cluses, 27 novembre 1985
> manifestations

Représentant de " la nouvelle histoire ", Fernand Braudel s'est fait apprécier du grand public par la publication en 1949 de sa thèse, soutenue en 1947, la Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II. Il y ouvrait l'histoire à l'étude des grands espaces (le monde méditerranéen). Pendant près de 25 ans, il travaille sur le capitalisme à l'âge moderne et sort, en 1979, Civilisation matérielle, économie et capitalisme. Le grand universitaire est moins connu. Agrégé à 21 ans, il fut successivement professeur à Constantine puis Alger et l'un des fondateurs dans les années 30, de l'université de Sao Paulo. Prisonnier de guerre, il rédige sa thèse durant sa captivité. Nommé professeur au Collège de France en 1949, il est un des créateurs de la VIe section de l'École pratique des hautes études. En 1956, à la mort de Lucien Febvre, il prend la tête des Annales. Ouvert à la coopération internationale, il est un des fondateurs de la Maison des sciences de l'homme. Les différents domaines de la recherche en sciences sociales lui doivent beaucoup : sociologie, économie, anthropologie, mathématiques sociales, etc. Un an après sa mort paraît sous le titre Identité de la France le tome I d'une Histoire de la France à laquelle il avait consacré la fin de sa vie.

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Jean Bruller dit Vercors
Paris, 1902 - 1991
> manifestations

D'abord graveur et dessinateur connu dans l'entre-deux-guerres pour sa fascination pour l'absurde, il s'engage dans la Résistance, dont dérive son pseudonyme, et se tourne vers l'écriture pour exprimer sa condamnation d'un monde où la dérision ne suffit plus, où l'horreur des faits traduit l'effondrement des valeurs héritées des Lumières. Élaborer un nouvel humanisme implique alors une réflexion sur ce qui fonde l'humain en tant que tel (Plus ou moins homme, 1950 ; Les Animaux dénaturés, 1952) et une politique de la rebellion qui va de l'apologie de la dignité (Le Silence de la mer, 1942) à celle de l'engagement sans concession (Sables du temps, 1945). Parallèlement à l'exigence de lucidité, l'art seul permet de ne pas désespérer de l'humain. Au-delà des intentions de l'auteur, c'est par ses qualités intrinsèques de retenue et de densité que le Silence de la mer a connu dès sa parution et connaît encore aujourd'hui un retentissement littéraire, politique et moral qui en fait l'une des œuvres de réflexion majeures du XXe siècle. Fondateur des éditions de Minuit, nées elles aussi dans la clandestinité, Vercors laisse également une œuvre d'historien et de mémorialiste, et surtout le souvenir d'un homme qui a su vivre à la hauteur de son idéal.

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Émile Benveniste
Alep, 1902 - Paris, 1976

Figure emblématique des recherches en grammaire comparée, Benveniste relie ses hypothèses de travail sur l'indo-européen à des conclusions de portée générale, intégrant ainsi la linguistique à la démarche structuraliste. Prolongeant et formalisant une approche amorcée notamment par Fustel de Coulanges et Ferdinand de Saussure, il considère que le réseau de relations qui constitue un système linguistique obéit à des règles analogues à celles qui organisent les sociétés. Cette réflexion aboutit en 1969 à la publication du Vocabulaire des institutions indo-européennes, dans lequel il se réfère à la pratique ethnologique de Lévi-Strauss pour tenter d'établir un parallèle entre les institutions et les catégories de pensée, telles qu'elles sont déterminées par les langues. Les analyses de Benveniste, toujours de la plus exigeante rigueur jusque dans ses plus hardies spéculations, lui ont permis de dépasser le strict champ de la linguistique pour prendre part au débat philosophique contemporain dans sa globalité. Dispersés dans de nombreux articles, ses œuvres ont été rassemblées en 2 vol. : Problèmes de linguistique générale (1966-1974).

-
François Mauriac reçoit le prix Nobel de littérature
Stockholm, 6 novembre 1952
> manifestations

De l'homme qui est récompensé pour l'ensemble de son œuvre la France connaît les romans : le Baiser au lépreux (1922), Génitrix (1923), Thérèse Desqueyroux (1927), le Nœud de vipères (1932). Il a séduit par sa peinture cruelle de la vie provinciale et singulièrement bordelaise, mais aussi par sa sensibilité, par sa poésie, par la pureté de sa prose. Il s'était également essayé à la poésie : ses poèmes, ou son œuvre théâtrale n'ont été que des demi-succès. C'est le romancier catholique, hardi et militant, qui est reconnu et célébré. Élu à l'Académie française dès 1933, lorsqu'il reçoit le Nobel François Mauriac est, en fait, au seuil d'une autre vie littéraire. Depuis la révolution espagnole et la guerre de 1940 qui lui servirent de révélateur, le grand bourgeois s'est tourné vers le journalisme politique. À compter de 1951 et jusqu'à sa mort, en 1970, dans le " Bloc-notes " de l'Express et du Figaro littéraire, il fera œuvre de journaliste politique, de moraliste, de polémiste. On ne peut qu'admirer sa vieillesse combative et courageuse.


~ Arts ~

- Michel Colombe
?, vers 1430 - Tours, vers 1513

Anne de Bretagne, afin de donner à ses parents, derniers princes bretons, une sépulture insigne, confie en 1502 à Michel Colombe, dont le talent est alors déjà largement reconnu pour avoir travaillé, entre autres, pour Louis XII et le très grand humaniste que fut le cardinal Georges d'Amboise, la réalisation d'après un projet de Jean Perréal du mausolée qui constitue son chef-d'œuvre. Ce monument, achevé en 1507, est exécuté dans des marbres polychromes afin de rehausser la structure de l'ensemble. Si on s'accorde généralement à penser que le sarcophage est dû à l'artiste Girolamo da Fiesole, premier destinataire de la commande, on attribue bien à Michel Colombe les gisants et les quatre statues d'angle représentant les vertus cardinales qui constituent l'élément le plus novateur du monument, car libérées de leur fonction architecturale pour s'ériger en gardienne des défunts. Invention d'un monument, invention d'un style : l'artiste adoucit l'influence bourguignonne par le traitement subtil des attitudes, le raffinement des détails et manifeste, peut-être dans le sillage des prémices de la Renaissance italienne, un sentiment nouveau de la forme humaine, sensible sous les drapés, et où la pureté des visages traduit un naturalisme intellectualisé. Sobre, élégant sans mièvrerie, ce tombeau, au confluent des différents mouvements de l'époque, atteint à une spiritualité exemplaire et intemporelle.

- Abraham Bosse
Tours, 1602-1676

Peut-être influencée par la tradition protestante à laquelle appartient Abraham Bosse, l'œuvre de ce graveur mêle indissociablement l'art et le témoignage. Haine du mensonge ou souci didactique, ce maître du burin et de l'eau-forte restitue les modes de vie de son temps avec une fidélité qui confère au quotidien une dignité esthétique, et célèbre Dieu dans la réalité de ses œuvres plutôt que dans l'imaginaire de l'homme. Les scènes religieuses, qui pourraient prêter à une vision plus symbolique du monde, reflètent elles aussi la vérité de son temps, et grâce à cette attention scrupuleuse portée au concret, les œuvres d'Abraham Bosse illustrent aussi bien les réalités du XVIIe siècle qu'un moment de l'histoire de l'art. Il existe également une très importante œuvre gravée d'après ses dessins, illustrant des scènes de la vie civile, reproduisant modes et costumes aussi bien que villes et chateaux, ou croquant sur le vif par la caricature des personnages typiques de ce temps. Un grand nombre de frontispices et vignettes pour ouvrages de sciences, arts ou belles-lettres témoignent enfin d'une virtuosité inépuisable et toujours renouvelée. Il couronne ses travaux en transmettant les enseignements de son maître, Jacques Callot, dans le Traité des manières de graver en taille-douce (1645) et en prônant une théorie de la perspective appuyée sur les recherches mathématiques les plus récentes.

- Max Oppenheimer, dit Max Ophüls
Sarrebruck, 1902 - Hambourg, 1957
> manifestations

D'une vie tourmentée marquée par un double exil, vers la France d'abord, puis vers les États-Unis, avant de revenir s'éteindre dans son pays natal, l'Allemagne, Max Ophüls lègue une œuvre dont les engagements se fondent dans l'art. Peut-être en raison de ses premières amours, le théâtre, dont La Fiancée vendue (1932) porte encore la marque, et qui se retrouvent dans des scénarios souvent dérivés de son goût pour la littérature, son choix des auteurs qu'il adapte pour le cinéma, sa science des décors et son intuition de la lumière le conduisent à un style baroque appuyé sur une virtuosité toujours pertinente dans le maniement de la caméra : La Ronde d'après Schnitzler (1950), voit les couples se faire et se défaire comme un thème musical, et Le Plaisir, inspiré de trois nouvelles de Maupassant, met en scène, dans l'allégresse d'extérieurs resplendissants, l'inanité du bonheur. Ses héroïnes, souvent victimes de leurs sentiments ou de la société ont pour ultime incarnation la bouleversante épave qu'est devenue la brillante Lola Montès (1955), bête de cirque crucifiée aux agrès, dans un film annonciateur de l'exploration par le cinéma de champs nouveaux.

- Maurice Duruflé
Louviers, 1902 - Paris, 1986
> manifestations

Maurice Duruflé découvre la richesse et les potentialités de l'orgue sur l'instrument de la cathédrale de Rouen avant de mener au Conservatoire de brillantes études qui lui vaudront cinq premiers prix. À sa sortie, son travail à Sainte-Clotilde et à Notre-Dame lui permet de se distinguer tant comme compositeur (Prélude, adagio et choral varié sur le thème du Veni Creator) que comme interprète. Nommé professeur d'harmonie au Conservatoire en 1943, il comptera Pierre Cochereau au nombre de ses élèves. Sa carrière, marquée à Paris par ses fonctions d'organiste de Saint-Étienne-du-Mont, qu'il exercera de 1936 à sa mort, prend un essor international considérable, sans que cela le détourne de sa création personnelle où l'inspiration religieuse tient une large part, illustrée notamment par la messe Cum jubilo pour baryton et orchestre (1966). En raison de son exigence de perfection, ses œuvres restent rares, dominées par un Requiem fortement enraciné dans la tradition liturgique, message d'espoir qui traduit l'expérience spirituelle sous-jacente à sa musique.


- Gaston Baty
Pelussin, Loire, 1885 - 1952

Dès ses débuts en 1919 comme assistant de Firmin Gémier, puis en créant en 1921 L'annonce faite à Marie de Claudel, Gaston Baty appartient à l'histoire du théâtre. Sa troupe " Les compagnons de la chimère " reste légendaire malgré une faillite rapide grâce à la créativité des décors démontables, et par le regard neuf porté sur les classiques. En 1931, il inaugure sa programmation au théâtre Montparnasse par L'Opéra de Quat'sous, de Berthold Brecht, d'après John Gay. Il le dirigera jusqu'en 1947, affirmant dans tous ses spectacles la place du metteur en scène comme créateur à part entière, à égalité avec l'auteur, dans une compréhension globale du théâtre qui en fait un au-delà de la littérature, où le texte est prétexte, d'où une carrière émaillée de quelques scandales. Troisième homme du " Cartel ", avec Jouvet et Dullin, il s'est avec eux voué à transformer des salles de quartier consacrées au mélodrame en théâtres d'art, grâce à sa science de la scène et à sa sensibilité artistique. C'est par un juste hommage que le théâtre Montparnasse porte aujourd'hui son nom. Il met une touche ultime à son action pour élargir les publics de l'art dramatique en prenant en 1950 la direction de la Comédie de Provence.


~ Sciences et techniques ~

- Découverte de la communication entre le tympan de l'oreille moyenne et les fosses nasales par Bartolomeo Eustachi
1552

Si la fidélité d'Eustachi aux théories de Galien a pu le conduire à contester les analyses audacieuses et novatrices de Vésale, il n'en reste pas moins, avec ce dernier et Fallope, l'un des fondateurs de l'anatomie moderne. C'est par ses études sur l'oreille, qui marquent les véritables débuts de l'otologie, qu'il a immortalisé son nom, mais cet aspect de ses travaux ne doit pas occulter l'ampleur de ses recherches, notamment sur le trajet du nerf optique, le rein et les glandes surrénales, les vaisseaux coronaires. On lui doit plusieurs ouvrages et un important recueil, Opuscula anatomica, remarquables tant du point de vue des découvertes que de celui de la méthode. Longtemps perdues, de très belles planches d'anatomie générale ont enfin été publiées en 1714, et restent une référence que ne font pas oublier les travaux ultérieurs.

- La machine à calculer de Pascal
1652

À la croisée des destins entre les instruments ou les mécanismes hérités de l'Antiquité et de la Renaissance, et l'informatique, la machine arithmétique de Pascal inaugure avec discrétion, mais de manière décisive, une révolution dans le traitement de l'information qui compense à nos yeux le fait que, contrairement au bon vieux boulier, elle ne permet que d'additionner et de soustraire. Conciliant esprit de finesse et esprit de géométrie, il invente des dispositifs, entre autre le " reporteur ", qui, précisément, permet des reports en cascade, qui dépassent les possibilités de stockage d'informations d'un engrenage pour la traiter et s'appliquer à différents types de calculs. En intégrant non plus un programme fixe mais des règles opératoires, cette machine, comme Pascal lui-même l'exprime, manifestant qu'il était pleinement conscient de la portée de son innovation, " fait des effets qui approchent plus de la pensée que tout ce que font les animaux ; mais elle ne fait rien qui puisse faire dire qu'elle a de la volonté, comme les animaux ". Mise au point par Pascal dans un geste de piété filiale pour soulager son père, président de la Cour des aides de Clermont, la machine arithmétique ouvre à l'échelle planétaire des possibilités exponentielles aux limites encore largement indéfinies.

- Wilhelm (dit Guillaume) Homberg
Batavia, île de Java, 1652 - Paris, 1715

Ce fils d'un officier de la Compagnie des Indes est destiné au barreau. Il fait ses études à Amsterdam et Magdebourg. Il quitte son métier d'avocat, rompt avec sa famille et se livre à sa passion : les sciences physiques et singulièrement la chimie. Il voyage : Italie, Allemagne, Hongrie, Bohême, Suède, Hollande. Il est reçu docteur en médecine à Wittemberg. Il vient à Paris à l'appel de Colbert (1682), est nommé membre de l'Académie des sciences. Bignon le charge de la direction du laboratoire. En 1702, il devient professeur de chimie du duc d'Orléans. Le dauphin et son fils étant morts subitement, il est accusé d'avoir aidé le futur Régent à les empoisonner… Douteuse publicité mais l'affaire se calme rapidement. Homberg est surtout connu pour ses travaux sur les diverses variétés de phosphore. Il a montré qu'un sel est obtenu par l'action d'un acide sur une base, étudié les huiles essentielles végétales et donné son nom à l'acide borique toujours appelé en pharmacie sel sédatif de Homberg. Il n'a pas écrit de traité mais est l'auteur de très nombreux mémoires.

- Parution de Recherches sur l'organisation des êtres vivants de Jean-Baptiste de Monet de Lamarck
1802

Dans le droit fil des Lumières, les travaux scientifiques de Lamarck traduisent une pensée philosophique tout autant qu'ils participent au progrès de la connaissance, comme si, à travers une rencontre avec Rousseau qui ne pouvait rester neutre, sa réflexion devait s'empreindre d'une sorte d'optimisme vital. De la botanique à la zoologie, de l'herbarium des jardins royaux au Museum d'histoire naturelle, se succèdent des traités (Flore française (1778), Système des animaux sans vertèbres (1801), dont les introductions aux différentes éditions manifestent la maturation de ses vues sur l'évolution des espèces, exprimées dans ses Recherches sur l'organisation des êtres vivants (1802) puis sa Philosophie zoologique (1809) qui arrachent définitivement la biologie, terme dont il est l'inventeur, aux théories créationnistes et connectent l'évolution du vivant à l'adaptation à son environnement. À la fois homme du XVIIIe siècle et précurseur, il a par ses immenses travaux une place insigne dans la pensée moderne.

- Antoine Jérôme Balard
Montpellier, 1802 - Paris, 1876

Professeur de chimie à Montpellier, il poursuit des recherches qui, dès 1826, se traduisent par la découverte du brome, à laquelle il parvient en traitant les eaux mères des salines voisines. Il est alors appelé à Paris à la chaire de chimie de la faculté des sciences, avant d'intégrer l'Académie des sciences et d'être nommé au Collège de France. Aussi infatigable que modeste, il mène des travaux, notamment sur le sulfate de soude et les sels de potasse, dont il publie les résultats non dans des ouvrages parus sous sa seule signature mais sous forme d'articles insérés dans les Annales de physique-chimie et dans les Mémoires de l'académie des sciences.

- Henri Moissan
Paris, 1852 - 1907

Le prix Nobel de chimie décerné à Henri Moissan en 1906 vient dignement et justement récompenser les travaux de chercheur qu'il mène parallèlement à ses fonctions de professeur de toxicologie, puis de chimie minérale. Ses recherches sur les basses températures lui permirent en 1886 d'isoler le fluor, dont on ne faisait jusqu'à cette date que soupçonner l'existence dans le prolongement des travaux de Gay-Lussac et d'Ampère, par électrolyse de solutions de fluorure de potassium et d'acide fluorhydrique. Inversement, inventeur en 1892 du four électrique qui porte son nom, il obtient par ce procédé des températures assez élevées pour parvenir à la fusion de nombreux oxydes métalliques et pour tenter - bien que vraisemblablement sans succès - la production artificielle du diamant. En revanche, l'obtention du chrome et du titane, ainsi que des carbures de calcium, est réelle. On lui doit par ailleurs de nombreuses préparations et l'étude exhaustive des propriétés de plusieurs éléments chimiques.

- Marie François Xavier Bichat
Thoirette, Jura, 1771 - Paris, 1802

Rénovateur de l'anatomie pathologique, Bichat étudie, à travers l'autopsie et l'expérimentation physiologique, le rôle des tissus comme unités anatomiques fondamentales pour l'explication des propriétés physiologiques et des modifications pathologiques de l'organisme. Père de l'histologie moderne, il lègue à la postérité quatre ouvrages fondamentaux : un Traité des membranes (1800), des Recherches physiologiques sur la vie et la mort (1800), où il décrit de manière saisissante la manière dont la mort se propage entre les organes, et dont on retient l'aphorisme " La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort ", ainsi que deux traités d'anatomie. Le respect qu'inspirent ses travaux est superbement exprimé dans l'hommage que lui rend Corvisart à sa mort, dans une lettre à Napoléon 1er : " Personne en si peu de temps n'a fait autant de choses et si bien ".

- Parution de Science et hypothèse de Jules-Henri Poincaré
1902

Né à Nancy en 1854, archétype ultime de l' " honnête homme ", formé à l'École polytechnique et ingénieur au corps des Mines, à la fois philosophe et mathématicien, Jules-Henri Poincaré manifestait dans les domaines de la mathématique pure, de l'astronomie, de la physique une maîtrise doublée d'une créativité qui lui permettait d'élaborer les outils conceptuels nécessaires à la poursuite de travaux qui ouvraient à la connaissance des champs jusqu'alors insoupçonnés, notamment dans sa réflexion sur le temps. Parallèlement à ses recherches scientifiques, J.-H. Poincaré faisait œuvre de philosophe, et publiait régulièrement des articles rassemblés dans quatre recueils, dont La Science et l'hypothèse, paru en 1902. Ces ouvrages confrontent le rôle de l'expérience et celui de l'inventivité dans la constitution du savoir, en insistant sur la dynamique propre du raisonnement mathématique. Docteur honoris causa de huit universités, élu en 1908 à l'Académie française dont il deviendra le secrétaire perpétuel, décoré de distinctions tant françaises qu'étrangères, J.-H. Poincaré a, par le rayonnement international de ses travaux et de ses idées, exercé une influence considérable sur la pensée scientifique du XXe siècle.

- Première loi de santé publique : la vaccination antivariolique devient obligatoire
19 février 1902

La loi, destinée à protéger la santé publique, impose la vaccination antivariolique dès la première année de l'enfant. Cela fait alors plus de 100 ans que Jenner a tenté les premières expériences d'inoculation du virus provenant de la vache (picote en français) dans le but d'immuniser l'être humain contre la variole. La vaccine rend l'organisme réfractaire aux atteintes de la variole. En France La Rochefoucauld-Liancourt a pratiqué dès 1800 les premiers essais de vaccination infantile systématique. On a observé très vite que la vaccination, praticable à tous les âges réussissait mieux chez les enfants, mais on s'interrogeait sur la durée de son influence sanitaire même si on prenait peu à peu l'habitude de (re)vacciner les conscrits à l'armée. Il fallut attendre les travaux de Louis Pasteur sur les virus-vaccins et l'immunisation à l'aide de virus atténués (1870-1885) pour que la vaccination progresse. L'inauguration en 1888 de l'Institut Pasteur permit de développer l'étude des maladies infectieuses et de généraliser la vaccination préventive.


- Théodore Monod
Rouen, 1902 - Versailles, 2000
> manifestations

Scientifique, voyageur, écrivain, Théodore Monod est de ces personnages dont la vie fascine et dont l'œuvre séduit, comme s'il réverbérait l'envoûtement du désert où il est entré " comme on entre en religion ", selon sa propre expression. Fondateur en 1938 de l'Institut français d'Afrique noire de Dakar, il ne le quittera qu'en 1965 après en avoir fait le plus grand centre scientifique de l'Afrique occidentale française, passé maître dans l'étude de toutes les disciplines des sciences naturelles et des sciences humaines. Parallèlement, il développe un humanisme singulier, dérivé de ce qui lui apparaît comme un constat d'échec des civilisations modernes pour aboutir à une espèce de foi dans des abstractions complaisantes à s'emplir de tous les sens possibles, la " nature ", la " vie ", dans une sorte de générosité cosmique qui n'exclut pas les ambiguïtés.

- Fondation de l'école de médecine de Hanoï
8 janvier 1902
> manifestations

Quand, en 1902, Alexandre Yersin fonde l'École de médecine de Hanoï, il a déjà derrière lui une vie au service de la recherche et de l'humanité. Il marque son passage à l'Institut Pasteur en initiant avec le docteur Roux les travaux qui devaient permettre de préparer le sérum antidiphtérique puis, fasciné par la mer, il gagne l'Indochine et installe en Annam une antenne de l'Institut Pasteur. Il parvient à isoler le bacille de la peste - qui portera désormais son nom - et à fabriquer le sérum. Explorateur, médecin, astronome, mais aussi cultivateur, Yersin devait par ailleurs introduire dans cette région du globe la culture de l'hévéa, du cinchona, " l'arbre à quinine ". C'est le 8 janvier 1902 qu'il prend ses fonctions de directeur de l'École de médecine de Hanoï, qui assurera une formation équivalente à celle des universités européennes. De nos jours encore, au-delà des drames de l'histoire coloniale, le souvenir de celui qui fut non seulement un grand savant mais aussi un grand humaniste, passionné de servir autant que de connaître, est honoré. Des colloques ont régulièrement lieu dans le prolongement de ses travaux et une petite pagode élevée près de son tombeau permet de rendre hommage à sa mémoire.

- Inauguration du barrage de Donzère-Mondragon
25 octobre 1952

Le barrage de Donzère-Mondragon a exigé des travaux d'une ampleur telle qu'ils furent comparés à ceux du canal de Suez. Le barrage crée une chute sur laquelle sont installées une écluse et une usine, qui transforme en électricité la force du fleuve. Cette usine, implantée près de Bollène, comporte six groupes de turbines et alternateurs et produit quelque deux milliards de kwh par an. Un élève des frères Perret, Théodore Sardnal, a dessiné la salle des machines pour la Compagnie nationale du Rhône, instituée en 1933 et chargée par l'État de produire de l'électricité, de créer des ports fluviaux et de favoriser le développement de l'agriculture, ce qui induit parallèlement le développement touristique. L'élévation ordonnancée en béton armé est rythmée par des piliers et des claustras vitrés. C'est en tant que témoignage de l'histoire technique et architecturale de l'immédiat après-guerre que la centrale a été protégée au titre des monuments historiques par arrêté du 4 juin 1992.

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