Autres anniversaires signalés Proposer, chaque année, une liste de "célébrations nationales" oblige à faire des choix, souvent difficiles, afin de mettre l'accent sur les faits majeurs propres à éclairer la réflexion contemporaine et sur des personnalités, des uvres, des événements, qui paraissent devoir être mis particulièrement en valeur comme les repères d'une mémoire nationale. Mais d'autres anniversaires, dont la notoriété n'est pas forcément moindre, ont aussi, pour certains d'entre nous une valeur affective, pour tous une portée éducative. Cette rubrique en signale quelques-uns, qui font incontestablement partie de notre culture, de notre histoire et de notre patrimoine. Les notices de cette rubrique ont pour auteur Danièle Neirinck, chargée par intérim de la délégation aux célébrations nationales. |
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~ Vie politique et institutions ~ | |
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Saint
Bruno lien
vers les manifestations La route fut longue pour le jeune chanoine de Saint-Cunibert de sa ville natale au diocèse de Squillace. Elle passa par Reims où il fut un écolâtre à l'enseignement apprécié. Attiré par la vie méditative, Bruno se retira d'abord dans une dépendance de l'abbaye de Molesmes puis dans le massif de la Chartreuse, en 1084 où l'évêque de Grenoble, Hugues l'installa. Il y créa une nouvelle forme de vie scolastique alliant prière et travail solitaire. Appelé à Rome par son ancien élève, Urbain II, il se retira définitivement en Calabre en 1092, y créa un nouvel ermitage où il s'adonna à l'étude et à la contemplation jusqu'à la mort. Il fut canonisé en 1514. Saint Jean-Baptiste
de La Salle Fondateur, en 1691, de l'Institut des frères des écoles chrétiennes dans la paroisse Saint-Sulpice à Paris, ce Rémois, aîné d'une famille nombreuse dut s'occuper de ses frères orphelins en poursuivant de solides études. Prêtre depuis 1678, intéressé par l'enseignement, il voulait former des maîtres compétents, encadrés par une vie spirituelle adaptée. Ses écoles se propagèrent rapidement dans toute la France. Le noviciat formait des frères pour tous les types d'enseignement qui éduquaient des enfants pauvres. Son livre de lecture, Les devoirs du chrétien et surtout son traité, la Conduite des écoles en font un précurseur de la pédagogie moderne. Anne Hilarion de Cotentin, comte de TourvilleTourville, Manche 1642 - Paris, 1701 Tourville fit partie de ces hommes de mer qui prirent une part active sous Louis XIV à la création et à l'organisation de la marine française. Il passa la première partie de sa vie à guerroyer en Méditerranée, comme chevalier de Malte contre les Turcs et les barbaresques. Très bon tacticien, il fut remarqué par le roi et entra dans l'escadre du comte d'Estrées. A compter de 1671, il lutta ainsi aussi contre les Anglo-Hollandais qui avaient la maîtrise des mers, en Méditerranée puis, à compter de 1689 dans l'Atlantique. Vice-amiral des mers du Levant, il est vainqueur à Beachy Head, à l'île de Wight mais battu, en 1692 à La Hougue. Son courage fut célébré toutefois après ce combat de seize heures. Maréchal de France, il détruisit en 1693 une partie d'une flotte marchande anglo-hollandaise au large de Lagos et se retira en 1697. Jean-Baptiste Machault
d'Arnouville Grand ministre de Louis XV et financier. Maître
des requêtes depuis 1728, il était intendant de Valenciennes
en 1743. Louis XV l'apprécia durant les campagnes de Flandre.
Il le fit venir à Versailles comme contrôleur général
des finances en 1745. Il demeura à ce poste jusqu' en 1754 cumulant
ses fonctions avec celles de garde des Sceaux. Il fut renvoyé
en 1757 par une manuvre de Madame de Pompadour, tout en conservant
sa pension de ministre, la garde des Sceaux
et l'estime royale.
Il créa le vingtième, impôt égalitaire réparti
sur tous les sujets en fonction de leurs facultés contributives
dont le clergé réussit à se dispenser dès
1751. Cet anticlérical fut aussi l'initiateur de l'édit
d'août 1749 qui gêna considérablement l'installation
de nouvelles congrégations enseignantes et hospitalières. Jean Frédéric
Phélypeaux, comte de Maurepas Ministre à vingt-cinq ans d'intervalle de deux rois. Dès 1718, successeur de son père comme secrétaire d'État à la Marine, il y montra d'indéniables qualités de gestionnaire. Membre du Conseil d'en haut depuis 1738, il fut disgrâcié en 1749 pour avoir déplu à Madame de Pompadour. Louis XVI, suivant les instructions du Dauphin mit fin à son exil en 1774 et l'appela comme ministre d'État et chef du Conseil royal. " Mentor " du jeune souverain, il eut sur lui, durant les premières années de son règne une influence primordiale. Responsable du rappel des parlements, cet homme de cour, soucieux de conserver son emprise sur le roi, en écarta tous les éventuels concurrents dont Turgot. Création des "
musées de province " L'arrêté du 14 fructidor an IX, pris
sur proposition de Chaptal, énumérait quinze villes de
province, outre Bruxelles, Mayence et Francfort qui pourraient recevoir
des collections de tableaux pris dans les réserves du Louvre
et de Versailles. Les communes devaient toutefois, au préalable,
créer à leurs frais une galerie pour les recevoir. Ce
texte fonde la notion de collections de l'État. Il est à
mettre en parallèle avec l'ouverture par la Convention nationale,
le 10 août 1793 du Muséum national, au Louvre. Dans ces
deux textes émerge la notion de " musée ", établissement
d'exposition d'objets d'art, ouvert à tous les citoyens qui peuvent
venir en prendre connaissance, les contempler et y retrouver une parcelle
de leur identité collective. Fondation du parti républicain
radical et radical socialiste " La meilleure façon de défendre la République, c'est de la rendre républicaine " asséna Camille Pelletan dans la déclaration finale du congrès constitutif tenu par le courant radical en vue des élections législatives de 1902. 1132 délégués venus de toute la France viennent d'organiser le premier parti français. Le radicalisme s'était renforcé dans l'opposition au second Empire finissant et avait présenté, dès 1869, son programme démocratique et radical dit de Belleville : liberté de la presse, de réunion et d'association, instruction primaire gratuite, laïque et obligatoire, séparation de l'Église et de l'État. Gustave Mesureur, député de la Seine est le président de ce parti de notables provinciaux qui veut conjuguer démocratie républicaine et réformes sociales. Fernand Pelloutier Il débuta dans la vie active, à Saint-Nazaire, par le journalisme et collabora avec A. Briand à la Démocratie de l'Ouest. Ses idées républicaines évoluant, il adhéra au parti ouvrier français de Jules Guesde, y défendit en 1892, le principe de la grève générale puis en démissionna. Installé à partir de 1893 à Paris, il y fréquenta les milieux libertaires et posa les principes du syndicalisme révolutionnaire. Attiré par les questions économiques et les problèmes de l'éducation, il joua un rôle fondamental dans la création des Bourses du travail, fut secrétaire général de la Fédération nationale, fonda et anima la revue L'ouvrier des deux mondes. Il jeta les bases du syndicalisme ouvrier d'action directe, libre de toute attache politique. Jean Mermoz Son nom est indissociable de celui de la société Latécoère, devenue en 1927 la compagnie générale Aéropostale. C'est un des prestigieux pilotes de la Ligne qui accomplirent les derniers grands raids, permirent la traversée des océans et le franchissement des plus hautes montagnes pour qu'une lettre écrite à Toulouse soit lue cinq jours plus tard à Santiago du Chili. Son palmarès : 1928, première liaison Buenos Aires-Rio de Janeiro ; 1930, ouverture de la ligne Rio de Janeiro-Santiago du Chili par dessus la cordillère des Andes ; 12-13 mai 1930, avec Dabry et Gimié, première liaison postale sans escale de Saint-Louis du Sénégal à Natal sur l'hydravion Comte-de-La-Vaulx ; 16 janvier 1930, traversée de l'Atlantique sud sur l'Arc-en-ciel Il disparut, en pleine gloire au cours d'une liaison régulière au large de Dakar sur l'hydravion Croix-du-Sud. |
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~ Littérature et sciences humaines ~ |
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Héloïse Avec " Jehanne, la bonne lorraine ",
" la très sage (i.e. : savante) Helloys " est la femme
la plus célèbre du Moyen Age. Figure complexe : nièce
du chanoine Fulbert, épouse du théologien et philosophe
virtuose de la dialectique, Abélard, puis enfin abbesse du Paraclet,
Héloïse fut d'abord, pour ses contemporains une femme d'une
science étonnante et une abbesse de grand renom. C'est toutefois
l'amante qui écrivit parmi les plus belles lettres d'amour de
tous les temps et dont quelques unes sont parvenues jusqu'à nous,
dont on commémore le neuvième centenaire de la naissance.
Héloïse demeurera sans doute pour les siècles à
venir l'amoureuse inconsolable, le mythe de l'amour éternel qu'elle
est pour l'Occident depuis le XVIIe siècle. Programme des manifestations Maurice Scève Ce poète, auteur du premier cycle amoureux de son époque, d'un intermède pastoral qui fait l'éloge de la solitude et de la nature et d'un long poème épique et cosmique est représentatif du premier âge de la Renaissance française. Découvert par les Symbolistes au début du XX e siècle, sa vie demeure mal connue. Il fréquenta assurément les milieux intellectuels lyonnais. Admirateur de Pétrarque mais sans imitation servile, il a montré dans la Délie, la Saulsaye et le Microcosme son intérêt pour le renouveau de la langue littéraire et de la parole poétique, son goût des blasons et des mathématiques ainsi que sa foi en l'homme. François
L'Hermite, dit Tristan L'Hermite
lien vers les manifestations Artiste au registre étendu, il fut applaudi par ses contemporains pour ses tragédies. Avec Marianne, jouée la même année que le Cid, il connut un succès aussi vif que Pierre Corneille et fut nommé à l'Académie française en 1649. Tristan L'Hermite fut pourtant aussi un des poètes importants du XVIIe siècle. Les Amours séduisent encore le lecteur contemporain par une grâce certaine, la musique des vers et la beauté des images. Mais c'est son autobiographie romanesque dans laquelle il raconte son errante et aventureuse jeunesse (le Page disgracié) qui attache à cet homme. Il passa la fin de sa vie au service de Gaston d'Orléans, puis du duc de Guise dans l'hôtel duquel il mourut pauvre et désenchanté. Madeleine de Scudéry Sapho, son pseudonyme dans le Grand Cyrus,
est le prototype de la précieuse. Ses samedis étaient
courus du tout Paris. Elle contribua avec Mmes de Rambouillet, de La
Fayette, de Sévigné, avec La Rochefoucauld, Montaurier,
Chapelain, Ménage, Conrart et Pélisson, l'ami de cur
à créer l'esprit classique. Les charmes de sa conversation
et de son esprit sont loués de tous ses contemporains. Mais ses
romans sont difficilement lisibles de nos jours et on a peine à
imaginer leur succès, bien que dans Artamène ou
le Grand Cyrus, cette frondeuse passionnée ait tracé
le portrait de tous ses héros et si les dix volumes de Clélie
font évoluer autour de la " Carte du Tendre " les habitués
des samedis. Elle sut arrêter à temps ces publications.
Un détail : c'est son frère, Georges qui signait, par
bienséance. Antoine Rivaroli, dit
le comte de Rivarol 1784 : le Discours sur l'universalité
de la langue française est la réponse de ce publiciste
originaire du Midi de la France, monté à Paris pour faire
carrière dans le monde des lettres, à un sujet proposé
par l'Académie de Berlin. C'est une étincelante apologie
de la langue française, langue des échanges internationaux,
langue universelle dont la perfection est insurpassable. Essayiste et
pamphlétaire brillant, formé à l'école des
Lumières, Rivarol ne comprendra pas la Révolution qu'il
condamnera ; il émigrera et mourra en exil. Aristide Bruant La silhouette du propriétaire du Mirliton,
l'ex Chat Noir du boulevard Rochechouart, immortalisée par Toulouse-Lautrec
est connue du monde entier. Pour les millions d'étrangers qui
passent chaque année quelques heures entre Pigalle et Montmartre,
Bruant est toujours aussi vivant que la Goulue. Appelé par François
Coppée " le nouveau Villon ", par certains critiques
" le chantre de la crapule ", il est l'auteur de chansons
de cabaret racontant la misère des faubourgs, les amours dramatiques,
les truands et la zone, composées dans une langue argotique,
mêlant avec rigueur, concision et efficacité goualante
et folklore. Elles font depuis un siècle partie du répertoire
des chansonniers nostalgiques du Paris des " fortifs " qui
animent les bars des rues des Saules et Saint-Vincent. Jules Lagneau Ce philosophe, ancien élève de l'École normale supérieure, mort fort jeune est surtout connu aujourd'hui par le souvenir inoubliable qu'il a laissé chez ses élèves dont Alain. Ses cours et ses notes ont été recueillis après sa mort par leurs soins. Alain a publié des Souvenirs concernant Lagneau. Disciple lui-même de Lachelier, il insistait sur l'importance de la réflexion philosophique et il cherchait par la pratique de la méthode réflexive à atteindre l'activité de l'esprit universel. Il eut un rayonnement considérable. Il fonda avec P. Desjardins l'Union pour l'action morale. Jacques Lacan Le " maître " a dominé
pendant trente ans, à compter des années 50, la psychanalyse
en France. Incontournable, admiré et haï, il a contribué
à faire, après 1968, de l'analyse une pratique sociale.
On lui doit l'impossibilité de penser aujourd'hui sans la psychanalyse.
Il fut d'abord médecin et psychiatre. Ami des surréalistes,
il suivit les cours d'A. Kojève sur Hegel. Il fit lui-même
une analyse et adhéra en 1934 à la Société
psychanalitique de France. Ce fut d'abord et avant tout le grand lecteur
de Freud en France. Il y fit redécouvrir la psychanalyse qu'il
fit sortir de son enfermement médical. Il travailla dans ses
Écrits et son Séminaire sur l'inconscient.
Il appliqua à ses recherches une démarche structuraliste.
Il créa une relation entre la structure de l'inconscient et celle
du langage et tourna la psychanalyse vers la linguistique structurale. Paris, 1901 - Saint-Hilaire, Essonne, 1990 Deux expériences marquèrent sa vie.
Il participa au mouvement surréaliste puis découvrit l'ethnographie.
Il collabora à la revue Documents et appartint à
la mission Dakar-Djibouti de Marcel Griaule en 1931-1933. À son
retour il publia l'Afrique fantôme et suivit les cours
de Marcel Mauss. Il partagea son temps entre la littérature et
ses travaux scientifiques sur les parlers rituels. Il apporta une curiosité
scientifique dans ses rapports avec ses amis, les écrivains et
les peintres du siècle, dont il fut le témoin privilégié.
Il poursuivit enfin jusqu'à sa mort une longue quête autobiographique,
en approchant son moi par des méthodes d'investigation liées
à l'analyse des rêves et à l'usage renouvelé
des mots et de l'écriture en particulier dans l'Âge
d'homme (1939) et la Règle du jeu (1948-1975) Alexandre Vialatte Auteur de centaines de chroniques publiées
dans La Montagne et Le Spectacle du monde, Alexandre Vialatte
fut plus qu'un journaliste régional. Il est le traducteur en
France de Franz Kafka (Le Procès, 1933) et d'autres écrivains
allemands. Il fut écrivain lui-même. Ses héros,
comme Battling le ténébreux sont des adolescents
qui n'arrivent jamais indemnes à l'âge adulte. René-Guy Cadou Une vie très simple, toute entière
vouée à la poésie. René-Guy Cadou passa
toute sa vie en Bretagne où il fut, comme son père, instituteur.
À peine âgé de dix-sept ans, il publia son premier
recueil de vers : Les Brancardiers de l'aube. Il rencontra le
grand amour de sa vie, sa femme, en 1943. Elle lui inspira ses plus
beaux poèmes (posthumes) : Hélène ou le monde
végétal. Ne manquant pas d'un certain courage, il
fut le membre le plus important de l'école de Rochefort, créée
en 1941 pour affirmer l'indépendance de l'art vis-à-vis
des occupants. |
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~ Arts ~
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Jacques-Denis Antoine On connaît mal cet architecte parisien, un des plus appréciés de la fin de l'Ancien régime. Il atteint la notoriété avec l'hôtel des Monnaies qu'il construisit de 1771 à 1777. Les bâtiments qu'il réalisa dans les années 1770 se distinguent par la richesse du décor. En 1770, Antoine fut nommé membre de l'Académie d'architecture. L'année suivante, il fit un voyage en Italie avec Charles de Wailly. À son retour son style évolua vers une créativité plus grande et un retour à l'antique (hôtel de ville de Cambrai, escalier et salle des pas perdus du palais de Justice et hôpital de la Charité à Paris). Vincent d'Indy
lien vers le programme Il fut considéré entre 1890 et 1920, comme l'un des compositeurs les plus importants de l'école française. Élève de César Franck, à qui il voua toute sa vie un véritable culte, il fut son successeur, à sa mort, à la direction de la Société nationale. Ce fut un auteur fécond. La Symphonie cévenole est son uvre aujourd'hui la plus populaire. C'est toutefois par son enseignement qu'il eut une importance exceptionnelle sur les musiciens du début du siècle. Il les forma avec son cours de composition musicale à compter de 1896 à la Schola Cantorum, dont il fut l'un des cofondateurs puis au Conservatoire, à partir de 1912. Adolphe Jean-Marie
Mouron, dit Cassandre Dubo, Dubon, Dubonnet : l'affiche formée de trois images est à coup sûr la plus populaire de toutes celles dessinées par Cassandre. Elle n'est pourtant pas dans la veine de l'artiste. Il fut d'abord un remarquable publiciste, inspiré par l'art abstrait contemporain, les conceptions cubistes et futuristes. Ses chefs-d'uvre, aux lignes très épurées sont d'une efficacité exceptionnelle comme l'Intransigeant ou l'Étoile du Nord. Passionné par le graphe, il composa des caractères nouveaux et même ceux d'une machine à écrire pour Olivetti. Il créa également des décors de théâtre et se tourna durant les années 1940-1945 vers la peinture. Ses portraits en pied le montrent très influencé par Balthus. Jean GrémillonBayeux, 1901 - Paris, 1959 Sa carrière cinématographique va
de 1923 à 1959. Elle fut marquée par l'arrivée
du cinéma parlant en 1930. Tout en demeurant très soucieux
de la qualité de l'image, il s'orienta vers la description de
la réalité quotidienne et sociale, des rapports des êtres
humains à leur entourage. Il fit une large place à la
nature et singulièrement à la mer. Le thème de
la solitude de l'être humain et de son rapport tragique aux autres
revient dans toutes ses réalisations. Il fut l'auteur de documentaires
(André Masson ou les quatre éléments), de
moyens métrages (Le 6 juin à l'aube) et de nombreux
films dont Gueule d'amour (1937), Remorques (1941), Lumière
d'été (1943), Le ciel est à vous (1944),
L'amour d'une femme (1953) Jean Prouvé Si son talent s'exerça dans différentes
directions, puisqu'il fut à la fois ingénieur, directeur
d'atelier, architecte et designer, Jean Prouvé fut l'homme d'un
matériau : la tôle d'acier. Ingénieur, il mit au
point dès 1935 une nouvelle technique de façonnage de
la tôle d'acier de faible épaisseur. Pionnier de la construction
métallique industrialisée, il comprit tout le parti qu'il
était possible de tirer de la standardisation. Il fut un des
créateurs du mur-rideau qui l'attira par son élasticité.
Constructeur de maisons particulières, il conçut ces dernières
comme des assemblages démontables autour d'un noyau dur (le bloc
service cuisine, sanitaire, chauffage). Créateur de meubles enfin,
il dessina un mobilier en tôle pliée et bois naturel inspiré
d'une esthétique traditionnelle aujourd'hui très recherché. Henri
Poupard, dit Henri Sauguet lien vers le programme Ce provincial, né à Bordeaux, fut en fait une figure très parisienne du XX e siècle. Homme des salons et de la vie mondaine, il demeura toutefois, sa vie durant, fidèle aux aspirations de sa jeunesse et ne renia jamais l'héritage spirituelle d'Éric Satie : refus du romantisme et recherche de la simplicité. Spécialisé dès 1930, dans les ouvertures lyriques et les ballets, il composa ultérieurement la musique de scène des productions de Louis Jouvet, de Jean-Louis Barrault, de la Comédie française puis des partitions pour la radio, le cinéma et la télévision. Henri Tomasi
lien vers le programme Ce fut un des innombrables élèves de Vincent d'Indy. Il poursuivit simultanément jusque vers 1955 une double carrière : à la fois chef d'orchestre qui reçut les plus hautes récompenses et compositeur. Il dirigea toutes les grandes formations françaises dont l'Orchestre national. Après 1945, il devint un chef d'orchestre d'envergure européenne, défenseur de la musique française. Il consacra la dernière partie de sa vie à la composition. Auteur prolifique et fécond, il a abordé tous les genres. Sa mélodie expressive, de méditerranéen amoureux de la vie, de la danse, du chant, de la terre est allée en se dépouillant et en s'épurant. Parution du numéro
1 des Cahiers du cinéma Directeurs de la revue : Lo Duca et Jacques Doniol-Valcroze.
La nouvelle revue se veut la suite de La Revue du cinéma de Jean-Georges
Auriol. Elle est créée pour être le témoin
lucide et impartial de la grande aventure du siècle : l'aventure
cinématographique. |
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~ Sciences et techniques ~ | |
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Parution de l'Experimenta
nova anatomica de Jean Pecquet Jean Pecquet, médecin et anatomiste né à Dieppe découvre, jeune encore (il n'a pas trente ans) la circulation lym-phatique. Il explore les canaux où circule un liquide incolore qu'il nomme chyle (du grec ÷ u os : suc) et qui vont de l'intestin grêle au canal thoracique. Il identifie le tracé de ce collecteur de la lymphe qui longe la colonne vertébrale et débouche dans la veine sous-clavière gauche. Il donnera son nom à la " citerne " ou " réserve ", située au niveau des premières vertèbres lombaires, endroit où aboutissent les vaisseaux lymphatiques et où naît le canal thoracique. Ce n'est que des années plus tard, que les propriétés de la lymphe seront connues. Charles Marie de La
Condamine Membre de l'Académie des sciences en 1735
et de l'Académie française en 1760, ce fut un infatigable
voyageur. Il découvrit les côtes d'Afrique et d'Asie. En
1735, il dirigea avec Bouguer une expédition au Pérou
chargée de déterminer la longueur d'un arc méridien
de 1 degré sur l'équateur. Il observa au cours de son
séjour l'attraction du fil à plomb par les masses rocheuses.
En 1738, il adressa un mémoire à l'Académie des
sciences sur un arbre " le quinquina ". Il descendit ensuite
l'Amazone et visita la Guyane. À son retour en France, il présente
un mémoire Sur une résine élastique nouvellement
découverte à Cayenne, le " cahuchu ". Il participa
à la querelle de l'inoculation de la petite vérole. Roche-sur-Rognon, Champagne, 1751 - Paris, 1832 Le 15 juillet 1783, les membres de l'académie de Lyon installés sur l'île Barbe regardent venir vers eux le " pyroscaphe ", navire de 46 mètres de long propulsé par des roues à aube mues par une machine à vapeur à simple effet. Claude-François réitère ainsi l'exploit de 1776 lorsqu'il avait fait marcher un bateau sur le Doubs, à Baume-les-Dames grâce à des rames en bois à volets mobiles actionnées par la vapeur. Pour lui, c'est la gloire Las ! on lui demande de recommencer l'expérience sur la Seine et il n'aura jamais l'argent nécessaire pour reconstruire un second " pyroscaphe ". Il mourra pauvre et inconnu, du choléra, aux Invalides, lors de l'épidémie de 1832. Présentation par Joseph-Marie Jacquard d'une machine à tisser à l'Exposition de l'industrie1801 Au retour de l'armée du Rhin dans laquelle il s'était enrôlé pour défendre la République en 1793, ce lyonnais, qui avait étudié la reliure et la fonte des caractères, travaille dans une fabrique de soieries. Il met au point la mécanique qui porte encore son nom et qui, supprimant les opérations du tireur de lacs, permet de n'employer qu'un ouvrier au lieu de cinq. Le préfet du Rhône s'intéresse personnellement à cette découverte. Il envoie le " métier Jacquard " au Conservatoire des arts et métiers à Paris. Bonaparte y fait venir Jacquard qui peut ainsi perfectionner son invention. La machine est présentée à l'Exposition de l'industrie, en 1801 et le 23 décembre, Jacquard prend un brevet. Il apporta ultérieurement d'autres perfectionnements à l'appareil et améliora le métier de Vaucanson avant de se retirer, chargé d'honneurs, à Oullins. Dieudonné de Gratet de DolomieuDolomieu Isère, 1750 - Châteauneuf, Saône-et-Loire, 1801 Quel roman que la vie de cet homme qui vécut à la fin de l'Ancien régime, adhéra à la Révolution, participa à la campagne d'Égypte, fut fait prisonnier au retour dans le golfe du Tarente et écrivit son dernier ouvrage à Messine ! De son passage (dès l'âge de deux ans) dans l'ordre de Malte, il conserva un goût prononcé des voyages et des explorations. À Metz, il suivit des cours de physique-chimie. Désormais ses voyages eurent un but : la minéralogie. Mais il s'intéressa aussi à la vulcanologie et aux tremblements de terre. Il explora scientifiquement la Bretagne, les Pyrénées (la vallée de Barèges), les Alpes, l'Italie, Malte, la Sicile, les îles Lipari, le Portugal. Il donnera son nom aux calcaires du Trentin. Collectionneur avisé, ce chercheur fut loin d'être un dilettante : il fut professeur de géologie à l'École des mines et membre de l'Institut. Hippolyte
Bayard Fonctionnaire au ministère des Finances,
il consacra tous ses loisirs à la photographie, cette invention
toute nouvelle. Il améliora le procédé de W.H.F.
Talbot et réalisa en France les premières photographies
avec négatif et sur papier (chlorure d'argent noirci puis plongé
dans l'iodure de potassium et blanchiment du papier par exposition à
la lumière). Dès 1839, il obtint des positifs directs
sur papier. Il organisa la première exposition photographique
au monde, fit de nombreuses photographies de Paris. Membre fondateur
de la société française de photographie, il lui
donna toutes ses uvres. Les découvertes de ce scientifique
et le talent de ce véritable artiste furent totalement ignorés
à son époque et longtemps occultés par la notoriété
de Daguerre. Construction du pont
des Arts, premier pont métallique par Cessart et Dillon Ce n'était pas tout à fait un pont,
plutôt une voie piétonnière et fleurie qui enjambait
la Seine et enchantait les poètes. Louis-Alexandre de Cessart,
l'ingénieur qui construisit cette passerelle en utilisant, pour
la première fois en France, la fonte pour les neuf arches encastrées
dans la maçonnerie des piles, n'avait sans doute pas pris totalement
en compte la grande résistance à la pression de ce nouveau
matériau
Fragile et gênant pour la navigation le
pont des Arts fut démoli en 1981 et reconstruit à l'identique,
mais en acier et avec seulement sept arches. Premier câble sous-marin
entre Douvres et Calais 1851, année de la première exposition
universelle. Elle se tient à Londres et est accueillie dans la
structure d'acier préfabriquée du Crystal Palace, l'immense
serre conçue par Joseph Paxton, montée en six mois. Symbole
de la fraternité des peuples, la manifestation doit être
inaugurée par un geste emblématique : elle s'ouvre sur
l'inauguration du premier câble sous-marin qui réunit Douvres
à Calais et en fait, il ne faut pas s'y tromper, la City à
la Bourse. C'est un peu l'acte de naissance de l'affairisme
Louis-Jacques Mandé
Daguerre Daguerre n'est pas un photographe : c'est un peintre
en décors de théâtre. Il a eu la direction des décors
de l'Ambigu, de l'Opéra, de l'Opéra-Comique. Spécialiste
des panoramas, il combine l'éclairage de la toile par l'avant
et par l'arrière pour obtenir le passage du jour à la
nuit et vice-versa. Il invente le diorama et utilise pour la mise au
point du procédé la chambre noire. Il entend ainsi parler
des recherches de Nicéphore Niepce qui a réussi, dès
1826 à fixer une image sur une plaque d'étain émulsionnée.
Niepce est alors à peu près ruiné, car ses recherches
ont largement entamé sa fortune. Après de longues tractations,
il accepte, en 1829 l'association que souhaite si vivement Daguerre.
Niepce meurt en 1833 ; Daguerre travaille alors seul et obtient en 1838
les premiers " daguérréotypes "
"
qui devraient légitimement s'appeler niepcétypes "
disait un peu méchamment Nadar. Début des travaux
des Halles centrales Parmi les grands travaux qui doivent faire de Paris une capitale moderne, Haussmann veut créer des halles. Le lauréat du concours sera son condisciple du collège Henri IV, grand prix de Rome d'architecture, architecte en chef de la première section des travaux de la ville : Victor Baltard. La légende veut que son prototype ait été en pierre et " le fort de la halle " un pavillon peu novateur et élégant. Ce qui est certain c'est que de 1851 à 1870, Baltard aidé par Callet va construire des pavillons entièrement en fonte. Le projet en est définitivement arrêté en 1854 en suivant le programme imposé par Haussmann. Le plan-masse est très simple et fonctionnel, basé sur l'emploi d'une trame de 6 m. de côté qui permet une standardisation poussée. Les pavillons sont réduits à des colonnes de fonte, supportant des toits de zinc avec pour base des murets de brique. Ils sont réunis par des rues couvertes. La structure est entièrement visible.
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Élie
Cartan Dolomieu, Isère, 1869 - Paris, 1951 C'est un des grands mathématiciens de la fin du XIXe et du début du XXe siècle. Elève de l'École normale supérieure, il soutint en 1894 une thèse d'algèbre sur la classification des groupes de Lie. Il eut une carrière d'enseignant dans les universités de Montpellier, Lyon et Nancy. Il occupa de 1924 à 1940, la chaire de géométrie supérieure à la Sorbonne. Ses recherches portèrent essentiellement sur la théorie des groupes qu'il appliqua à la géométrie différentielle. Il mit au point une théorie des connexions et introduisit la notion d'espace généralisé.
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