Célébrations nationales 20002000


Mort de Jean-Sébastien Bach
Eisenach (Thuringe), 21 mars 1685
Leipzig (Saxe), 28 juillet 1750

Jean-Sébastien Bach
Portrait par Elias Gottlob Haussmann
(1695-1774) Leipzig,
musée historique © AKG Paris

 

Lorsque naît Jean-Sébastien Bach, l'Allemagne, morcelée en quelque 350 unités territoriales, tente avec peine de se relever du désastre sans précédent de la guerre de Trente Ans. La tolérance religieuse y a acquis force de loi et, en ce temps où tout citoyen est "sociologiquement chrétien", c'est, au cœur du vieux pays, la pensée de Luther, bien plus que la tutelle de l'empereur, qui constitue le plus puissant ferment de cohésion nationale.

Issu d'une famille de musiciens fixée depuis un siècle en Thuringe, dernier fils du directeur de la musique à Eisenach, il n'a que neuf ans quand disparaissent sa mère, puis son père. Recueilli par un frère aîné à Ohrdruf, envoyé au lycée à Lüneburg, il devra renoncer aux études universitaires pour entrer de bonne heure dans la vie professionnelle. Après un bref séjour à Weimar comme violoniste-laquais, il est nommé à 18 ans, sans concours, organiste à Arnstadt. Quatre ans plus tard, il se rend à Mühlhausen, pour occuper un nouveau poste d'organiste. A compter de 1708, il se sédentarise pour ne plus exercer qu'en trois cités jusqu'à sa mort. Weimar, d'abord, où il revient comme organiste de la cour et musicien de la chambre, puis maître de concerts de la chapelle ducale ; Coethen, ensuite (1717), comme capellmeister du prince ; Leipzig, enfin (1723), en qualité de cantor de Saint-Thomas et directeur de la musique de la ville. Sa notoriété n'aura cessé de croître, et le petit orphelin thuringien finira reçu en prince de la musique par Frédéric II de Prusse, à Potsdam. L'irrésistible ascension se poursuivra en ses fils, puisque le dernier, Johann Christian, établi à Londres où Gainsborough fait son portrait, enseigne la musique aux enfants royaux.

Bach doit l'essentiel de sa formation à une boulimie de travail que nourrit une curiosité sans limites pour toutes les musiques, mais aussi pour la théologie, la philosophie ou l'acoustique. Avide de rencontrer ses pairs, il entreprend à vingt ans le voyage de Lubeck, à pied, pour écouter le vieux maître Buxtehude, se fait plus tard applaudir à Hambourg, respecter à Berlin, fréquente l'opéra à Dresde. Pour son usage, il prend copie des œuvres des maîtres français, transcrit les concertos italiens, lit, copie, fait exécuter toute musique de qualité. Cet autodidacte assemble une culture encyclopédique, qui s'épanouit dans son enseignement et se manifeste dans la pratique, puisque, maître absolu sur l'orgue et le clavecin, il est d'abord violoniste et joue admirablement de l'alto, du violoncelle, de la viole de gambe, de la flûte, du hautbois et sans doute aussi, du luth, connaissant mieux que quiconque les techniques d'exécution musicale et de fabrication des instruments.

Sa trajectoire créatrice n'est pas moins impressionnante. Au fil de ses activités professionnelles, il se consacre à l'orgue, avec les Chorals, les Toccatas ou Préludes et Fugues, et au clavecin, avec le Clavier bien tempéré, puis aborde la musique vocale ; aux musiciens de premier plan qu'il dirige à Coethen, il destine suites, sonates et concertos pour divers instruments, dont les Concertos brandebourgeois ; à Leipzig, ce sera la floraison de quelque trois cents cantates dominicales, les Passions, selon saint Matthieu et selon saint Jean, les oratorios, la Messe en si, mais aussi des concertos, divertissements et cantates profanes dans l'exercice de ses fonctions municipales. Écrivant moins en ses dernières années, il médite des œuvres de haute spéculation, Variations Goldberg, Offrande musicale ou Art de la fugue. Toujours "à la gloire de Dieu seul" et "à l'intention du prochain".

Le jeune compositeur se met d'abord à l'école des maîtres allemands, Pachelbel au Centre, Boehm et Buxtehude au Nord, emprunte à Lully la majesté des morceaux d'apparat et à Grigny la subtilité de l'ornementation, avant de trouver dans la musique de Frescobaldi ou de Vivaldi la plasticité, la clarté et l'élégance formelle dont il fera son miel. Fondé sur les vénérables traditions léguées par la Renaissance et le Moyen Âge, son art converge vers la plus étonnante synthèse des divers courants de la pensée musicale du passé et du présent, dans l'élaboration d'un contrepoint expressif d'une densité et d'une complexité sans égales, en un style immédiatement identifiable.

Moins célèbre en son temps que ses illustres contemporains, Vivaldi ou Haendel, Rameau ou Telemann, Bach n'en est pas moins admiré par les musiciens et amateurs. Quoique peu éditées - la plus grande part de sa production ayant vocation fonctionnelle -, ses œuvres circulent en de très nombreuses copies ; et, contrairement aux idées reçues, jamais sa musique ne subira d'éclipse, ses fils, sa vaste fratrie et le réseau des disciples et élèves entretenant la flamme. Dès le XVIIIe siècle finissant, Mozart le vénère et Beethoven s'en nourrit, qui le nommera "le père originel de la musique". À partir de 1800, ses partitions sont publiées dans l'Europe entière et, en 1829, le tout jeune Mendelssohn dirige en concert, à Berlin, la Passion selon saint Matthieu, pour la première fois depuis l'époque du compositeur. Schumann, Chopin, Liszt, Brahms, Reger, puis Schoenberg et les Viennois, Boulez et les post-sériels, tous recueillent l'héritage d'une pensée reconnue comme fondatrice. Deux cent cinquante ans après sa mort, les mélomanes du monde entier, formés par la radio et le disque à la musique de Bach, y puisent force vitale et équilibre, élan spirituel et sérénité.

Gilles Cantagrel
musicologue

Début de la partition du prélude n°7 pour clavecin
Début de la partition du "Prélude" n° 7 pour clavecin bien tempéré
(1744) Londres, British Museum
© Collection Viollet


250e anniversaire de la mort de Jean-Sébastien Bach 1750-2000

programme des manifestations

> Centre - Tours (37)
30 mars
"La Passion selon Saint-Matthieu", de Bach, concert proposé par le Centre de musique ancienne de Tours. Direction musicale, Bob Van Asperen.
Rens. : Centre de musique ancienne, 7 bis, rue des Tanneurs 37000 Tours tél. : 02 47 38 48 48

> Île-de-France - Paris
À partir du 18 janvier
Quatorze concerts Bach dans la chapelle du lycée Jacques Decourt. Au programme, l'intégrale de l'œuvre pour orgue de Bach. Avec Bruno Guilois, Freddy Eichelberger, Emmanuel Potier, Jacques Pichard, etc.
Rens. : Lycée Jacques-Decourt, 12, avenue Trudaine 75009 Paris
22, 23, 29 et 30 janvier
XVIe concours international Jean-Sébastien Bach, sous la présidence de Miquel Candela et la présidence d'honneur de Paul Badura-Skoda.
Rens. : Secrétariat général de l'Association pour le Concours international Jean Sébastien Bach, 12, rue Devéria 75020 Paris
20 janvier, 24 février, 7 et 20 mars, 20 avril, 4 mai
Concerts Bach présentés dans l'amphitéâtre Richelieu et dans le grand amphithéâtre de la Sorbone par l'association "Musique en Sorbonne". Avec Lisa Schatzman, violon et Romain Descharmes, piano ; le Trio Cappa ; l'Orchestre de Paris - Sorbonne, dirigé par Jacques Grimbert ; l'Ensemble vocal et instrumental Camerata Saint-Louis et le Chœur de Paris-Sorbonne ; Louise Sibourd, piano, Les Muses Baroques.
6-27 juin les mardis et jeudis
Festival Bach - Mendelssohn, présenté par l'association "Musique en Sorbonne". Avec l'Ensemble vocal Camerata Saint-Louis, dirigé par Georges Guillard.
Concerts de clôture les 26 et 27 juin, dans le grand amphithéâtre, avec le Chœur et l'Orchestre de Paris-Sorbonne.
Rens. : Musique en Sorbonne, 2, rue Francis de Croisset 75018 Paris tél. : 01 42 62 71 71
Site internet : www.musique-en-sorbonne.org
28 janvier-27 mai
Cycle Bach au Théâtre des Champs-Élysées, avec l'Amsterdam Baroque Orchestra (Ton Koopman) The King's Consort (Robert King), Les Musiciens du Louvre - Grenoble (Marc Minkowski), La Grande Écurie et la Chambre du Roy (Jean-Claude Malgoire) et l'Akademie für Alte Musik Berlin (René Jacobs).
Rens. : Théâtre des Champs-Élysées, 15, avenue Montaigne - 75008 Paris - tél. : 01 49 52 50 50
11 février-13 mars
"Classique en images 2000", biennale de la musique filmée, à l'auditorium du musée du Louvre. Au programme, "Bach à l'écran" (12.2-8.3), journée dédiée aux multimédias musicaux (9.3) et compétition internationale de programmes récents (10-13.3), films et concerts (14.2-2.8).
Rens. : Musée du Louvre 75058 Paris cedex 01. Informations générales sur serveur vocal : 01 40 20 51 51 ou sur minitel 3615 Louvre.
Site internet : www.louvre.fr
21 mars
Au Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, concert organisé par l'Institut Néerlandais, avec l'Orchestre du département de musique ancienne, placé sous la direction de Marc Destrubé, et l'Ensemble Schönbrunn.
Rens. : Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris, 209, avenue Jean-Jaurès - 75019 Paris Institut Néerlandais - centre culturel des Pays-Bas, 121, rue de Lille - 75007 Paris - tél. : 01 53 59 12 40
30 et 31 mars
En collaboration avec Musique sacrée à Notre-Dame, l'Ensemble orchestral de Paris donne La Passion selon Matthieu, BWV 244 à la cathédrale Notre-Dame de Paris. Direction musicale, John Nelson, avec Ruth Ziesak, David Daniels, John Mark Ainsley, Stephan Morschek, Alastair Miles, Hans Peter Blochwitz et la Maîtrise de Notre-Dame de Paris.
11 avril
Concert par l'Ensemble orchestral de Paris, salle Pleyel. Direction musicale, Marin Alsop.
Au programme, Concerto Brandebourgeois n° 3 en sol majeur BWV 1048, de Bach, Concerto pour corde, de Christopher Rouse, L'histoire du soldat, de Stravinki.
Rens. : Ensemble orchestral de Paris, 252, rue du Faubourg-Saint-Honoré - 75008 Paris - tél. : 01 800 42 67 57
4 et 5 mai, 6 mai
À la Cité de la musique, concerts par l'Orchestre de Paris, placé sous la direction de Frans Brüggen, avec Lynne Dawson, soprano et Michel Benet, hautbois. Au programme, suite pour orchestre n° 1 en ut majeur, BWV 1066, Cantate Mein Herze schwimmt im Blut BWV 199 ; Suite pour orchestre n°4 en ré majeur, BWV 1069 (extrait), Cantate BWV 199 (6 . V).
Rens. et réservations : 01 44 84 44 84
Poissy (78)
1er avril
Au Théâtre, La Passion selon Saint Matthieu, de Bach, par l'Akademie für Alte Musik - Berlin et le RIAS - Kammerchor. Direction musicale, René Jacobs, avec, en solistes, Kiehr, Fink, Ovenden, Davislim, Detles.
Rens. : Théâtre de Poissy, place de la République - 783003 - Poissy cedex - tél . : 01 39 79 03 03
Ville-d'Avray (92)
25 et 26 mars
Concours international de clavecin, organisé à l'occasion de l'année Bach par le Festival de Ville-d'Avray, placé cette année sous la présidence de Noëlle Spieth.
Midi-Pyrénées - Toulouse (31)
12 janvier
"Jean-Sébastien Bach nous ouvre l'an 200". Concert par l'Orchestre baroque de Venise au musée des Augustins.
Rens. : 05 61 25 27 32
Orthez (64)
23 mars, 13 avril, 6 juin, 7 et 28 juillet, 10 août, 19 octobre

"Musique au temple". Concerts Bach sur l'orgue construit par les Frères Pesce, de Pau, dans l'église réformée d'Orthez. Avec Laurent Riboulet de Sabrac ; Susan Landale ; Francis Chapelet ; Guilhem Lavignotte et Philippe Pistole ; Georges Robert et les stagiaires de "Musique et montagne" ; Mariane Goué, Chrystelle Meier, Daniel Meier, Florence Meier et Didier Peyrounette ; l'Orchestre et le Chœur de l'église Saint-Jean, de Hambourg.
Date non communiquée
Conférence par Gilles Cantagrel.
Rens. : "Musique au Temple", 23, place de la Poustelle - 64300 Orthez tél. : 05 59 69 01 18

> Nord-Pas-de-Calais - Tourcoing (59)
21 et 23 mai
Au Théâtre municipal, concert par l'Atelier Lyrique de Tourcoing. Direction musicale, Jean-Claude Malgoire. Au programme, Cantates profanes, de Bach
Rens. : Théâtre municipal, 1, place Leverrier - 59200 Tourcoing tél. : 03 20 70 66 66

> Haute-Normandie - Arques-La-Bataille (76)
31 mai-4 juin
Académie Bach. Rens. : Académie Bach, rue des Bourguignons 76880 - Arques-La-Bataille
tél. : 02 35 04 21 03

> Pays-de-la-Loire - Nantes (44)
28, 29 et 30 janvier
La Folle journée Bach. Au programme, cent cinquante concerts , des conférences, des projections de films, etc. Avec le Chœur Accentus, le Rias Kammerchor, les ensembles Sagittarius, les Éléments ; The Amsterdam Baroque Orchestra, dirigé par Ton Koopman, le Collegium vocale de Gand, dirigé par Philippe Herrewegue, le Concerto italiana, l'Ensemble Stradivaria ; de nombreux solistes, au nombre desquels P. Hantaï (Clavecin), M.-C. Alain (orgue), T. Fellmer (piano), R. Capuçon (violon), G. Causé (alto).
Rens. : 08 25 02 02 03, FNAC Nantes, 3615 FNAC, tél. : 0 803 808 803 www.fnac.fr
Fontevraud (49)
12 et 13 février
"Autour de Johann Sebastian Bach". Concerts à l'Abbaye royale, haut-dortoir. Avec Pierre Hantaï et Gustav Leonhardt, clavecin
Rens. : Abbaye royale de Fontevraud - centre culturel de l'Ouest - tél. : 02 41 51 73 52

> Picardie
9, 10 et 11 mars
Concerts en milieu scolaire-collèges et lycées-données par l'Orchestre de Picardie. Au programme Bach, Haydn et Stravinsky.
Senlis (60) et Amiens (80)

15 et 16 avril
La Messe en si, de Bach, par l'Orchestre de Picardie. Direction musicale, Edmon Colomer, avec Caroline Pelon, soprano, le chœur et des solistes du New College Oxford. * Senlis, cathédrale ; Amiens, église Saint-Martin
Rens. : Orchestre de Picardie, 45, rue Pointin - 80040 Amiens cedex 1 - tél. : 03 22 92 15 84

> Provence-Alpes-Côte d'Azur - Aix-en-Provence (13)
24 juillet
Concert au Grand Saint-Jean par Les Musiciens du Louvre-Grenoble, dirigés par Marc Minkowski. Au programme, les Suites pour orchestre, BWV 1066, 1067, 1068 et 1069, de Bach. Ces deux concerts sont donnés dans le cadre de l'Académie européenne de musique
Rens. : Festival international d'art lyrique, 11, rue Gaston de Saporta - 13100 Aix-en-Provence. Tél. : 04 42 17 34 34
Avignon (84)
29 janvier
La Messe en si, de Bach, à l'Opéra Théâtre d'Avignon et des Pays de Vaucluse.
Rens. : Opéra Théâtre d'Avignon et des Pays de Vaucluse - tél. : 04 90 82 42 42 et 04 90 82 23 44 (location)
Cannes (06)
25 février
Au Palais des festivals, dans le cadre du VIIIe Festival international de musique classique, concert Bach, par l'Orchestre de chambre de Kiev.
Rens. : Palais des festivals, esplanade Georges Pompidou - 06400 Cannes - tél. : 04 92 99 31 08
15, 18 et 20 avril
Concerts Bach par l'Orchestre régional de Cannes - Provence-Alpes-Côte-d'Azur, au Théâtre Claude Debussy. Direction musicale, Philippe Bender.
Rens. : Théâtre Claude Debussy 06400 Cannes tél. : 04 92 99 84 81
15 juin
Au Théâtre du Jeu de Paume, concert par Gustav Leonhardt, clavecin. Au programme, des œuvres de Reinken, Buxtehude et Bach.

> Rhône-Alpes Lyon (69)
16 mars, 5 et 12 mai
Concerts Bach au Conservatoire national supérieur de musique. Rens. : Conservatoire national supérieur de musique de Lyon, 3, quai Chauveau - 69009 Lyon tél. : 04 72 19 26 61
14 avril
Concert donné par les Solistes de Lyon - Bernard Tétu, à la chapelle de la Trinité. Au programme, trois cantates de Bach, Christlag in Todesbauden, Ich habe genug, Aus der Tiefen rufe ich, et Lux Æterna, de Ligeti.
Échirolles (38)
15 mai
Les quatre Suites pour orchestre, de Bach, par les musiciens du Louvre - Grenoble. Direction musicale, Marc Minkowski. À la Rampe d'Échirolles.
Rens. : La Rampe, 15, avenue du 8 mai 1945 - 38130 Échirolles - tél. : 04 76 40 83 00
Craponne (69)
27 mai
Concert à l'Espace École par le Chœur d'oratorio de Lyon-Bernard Tétu et l'Ensemble instrumental. Direction musicale, Catherine Molmerret, avec Philippe Grammatico, piano. Au programme, la Messe en sol mineur, de Bach, et les Lieder pour chœur et piano, de Haydn.
Rens. : Solistes de Lyon-Bernard Tétu, 149, rue Garibaldi 69431 Lyon cedex 03 tél. : 04 78 95 29 40

Audiovisuel

14 février-26 juillet
Chaque mercredi, à 21 h 45 sur Arte, dans le cadre de l'émission "Musica", diffusion de "Flash Bach", "rencontres - surprises de cinq minutes avec les plus belles œuvres du Cantor, interprétées par les grands musiciens du siècle, ou "détournées" par des jazzmen, humoristes ou cinéastes".