Célébrations nationales 1999 1999

Simon Vouet
Paris, 9 janvier 1590 - 30 juin 1649

Peu d'artistes ont autant compté, dans l'histoire de la peinture française, que Simon Vouet. Dans un pays qui se relevait peu à peu des désastres engendrés par les guerres de religion, c'est à lui que l'on confia le soin de retrouver, face aux splendeurs de Rome et à la gloire d'artistes tels que Rubens, un style proprement national. Or, dans cette mission menée dès l'année 1627, il réussit pleinement. D'emblée, il sut fournir de nombreux modèles pour les ateliers de tapisseries installés à Paris et il s'attaqua aux voûtes des plus grands palais. Autour de lui se forma un atelier considérable, d'où sortirent quelques-unes des personnalités qui allaient s'imposer dans l'art de peindre en France : Le Brun, Mignard et Le Sueur.

Il est vrai que l'artiste possédait toutes les ressources de ceux qui savent infléchir durablement les souffles de la création. Sa forte personnalité avait pu éclore au travers des quelques expériences déterminantes d'une jeunesse lui permettant de circuler en Angleterre aussi bien qu'à Constantinople, avant que de se fixer dans la Rome des élèves des Carrache et des suiveurs du Caravage. Dans cette cité éblouissante, il arriva même à occuper les premiers rangs puisqu'il se vit nommé à la tête de l'Académie de Saint-Luc en 1624 et qu'il se trouva être le premier artiste français à recevoir plusieurs commandes pour l'ornementation de la basilique Saint-Pierre. Comme d'autres, Simon Vouet aurait pu alors choisir de mener une carrière brillante et tranquille dans la ville pontificale.

L'acceptation de son retour en France afin d'y participer à une véritable rénovation des arts a donc tenu aux plus hautes ambitions et à la certitude d'une destinée nationale. Car l'artiste n'était pas sans savoir que le temps lui serait compté pour mener à bien l'approfondissement de son style et de ses pensées propres. Mais c'est dans de telles circonstances que se révèlent les créateurs de cette dimension : la vigueur de leur imagination et la certitude des formes qu'ils livrent semblent d'autant plus s'amplifier qu'ils doivent répondre à de multiples commandes.

Au Louvre, dans les châteaux de Saint-Germain-en-Laye comme aux autels des Jésuites, Vouet prit la mesure de ces grands chantiers et y imposa ses lignes souples et sa lumière claire. Avec lui, la France de Louis XIII et de Richelieu allait tenir son rang au sein de l'Europe du "Baroque". On se doute que pareille leçon porta ses fruits. Si Le Brun, David ou, d'une certaine façon, Delacroix existèrent, c'est qu'il y eut d'abord Simon Vouet.

Denis Lavalle
inspecteur en chef des monuments historiques
Un article de Jacques Thuillier a été publié dans la brochure Célébrations nationales 1990 pour le 4e centenaire de la naissance de Simon Vouet.


La Charité Paris
musée du Louvre © RMN - Arnaudet