1999
Roger
Vitrac Pour Henri Béhar, qui consacra à son uvre dramatique l'étude la plus attentive, Vitrac restera "un réprouvé du surréalisme", en même temps que le fondateur d' "un des théâtres les plus révolutionnaires du demi-siècle". Outre qu'il est plus que "le" dramaturge du surréalisme, et ses recueils de poèmes sont là pour en faire foi, on avancera qu'il demeure l'un des grands oubliés de la mémoire qui s'est constituée autour de ce moment unique de la littérature. Si l'on excepte sa pièce la plus célèbre, Victor ou les enfants au pouvoir, créée en 1928 au Théâtre Alfred-Jarry (fondé en 1926 par Antonin Artaud, avec Vitrac et Robert Aron), reprise, mise en scène et imposée à la critique, trente-quatre années plus tard, par Jean Anouilh au Théâtre de l'Ambigu, que reste-t-il d'immédiatement accessible au lecteur curieux dans l'uvre de ce Lotois, entré parmi les premiers en surréalisme et mis à l'écart du mouvement dès l'automne de 1925 ? Une aventure intellectuelle
intense, jalonnée par des contributions à des revues éphémères,
jugées désormais essentielles par la critique, comme Aventure
qu'il fonde, dans les années 1921-1922, avec Crevel et Arland,
ou Littérature ; une vie éclairée par la
rencontre de "passants considérables", Masson, Miró
à l'époque de la mutation de Dada au surréalisme
qui, avec Artaud son ami, Leiris, Limbour, Salacrou constituèrent
ce que l'on a appelé plus tard le "Groupe de la rue Blomet",
Aragon, et André Breton, bien sûr, le maître tout
à la fois aimé et honni.
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