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Questions / Réponses
2 mars 2006
- Quels sont les enjeux du texte ?
Le projet de loi sur le droit d'auteur est un texte fondamental et
conciliateur pour un enjeu de société majeur :
l'utilisation d'Internet pour écouter de la musique et regarder des
films.
Chacun doit pouvoir acquérir sur Internet les
morceaux de musique et les films dont il a envie et les créateurs
doivent pouvoir continuer à être rémunérés
afin que la musique et le cinéma continuent à exister. Pour
réunir ces principes essentiels, le projet de loi crée un
équilibre entre la protection de la créativité et
l'innovation technologique et concilie la liberté des créateurs
et la liberté des internautes.
Le projet de loi doit permettre :
- De créer les conditions pour que se
développe une offre légale diversifiée de musique et de
films ;
- De faciliter l'achat sécurisé d'œuvres
protégées par le droit d'auteur ;
- De passer d'une logique
de répression à une logique de prévention et de
responsabilisation ;
- De permettre la lecture et la sauvegarde des
œuvres numériques acquises légalement par un internaute pour
son usage personnel et sur tous les supports. ^ retour ^
- Pourquoi le droit d'auteur doit-il s'adapter à Internet ?
Le droit d'auteur est vital : pour qu'un
créateur puisse vivre et continue à créer, il est
nécessaire qu'il soit rémunéré. Le droit d'auteur
donne à l'auteur un droit exclusif d'exploitation sur son œuvre.
Par exemple, un musicien a des droits sur ses œuvres musicales, comme un
réalisateur sur ses films. Grâce à ce principe, le travail
des créateurs peut être rémunéré par ceux qui
en bénéficient. Sans droit d'auteur, il n'y aura plus de
création nouvelle.
Parce qu'il est un principe fondamental et vital,
le droit d'auteur s'adapte aux innovations technologiques : tout au long du
20ème siècle le droit d'auteur s'est adapté à des
transformations technologiques majeures et révolutionnaires, comme
l'invention des disques et de la vidéo. La
généralisation d'Internet dans la vie quotidienne de chacun au
21ème siècle nécessite pour le droit d'auteur de s'adapter
encore une fois.
Pour pouvoir s'adapter à Internet, le
droit d'auteur doit être protégé par des mesures techniques
: le numérique permet de copier sans limite des œuvres musicales et
des films, et Internet permet de les mettre à disposition à un
nombre illimité d'internautes. Le droit d'auteur ne peut survivre sans
protection des œuvres.
- Le net n'est-il pas l'espace de la liberté et de la gratuité ?
Internet est un progrès pour la liberté et la
communication, et c'est le rôle d'un Etat moderne d'organiser
l'évolution technologique, pour maintenir et garantir les grands
équilibres de notre société. Le projet de loi sur
le droit d'auteur réaffirmera qu'Internet est un espace fondamental de
liberté et un vecteur majeur d'accès aux biens
culturels. Le projet de loi est à la fois du côté
des créateurs et du côté des consommateurs : il propose un
nouvel équilibre qui prend en compte l'évolution technologique
majeure que représente Internet en l'encadrant. Et c'est uniquement si
cet équilibre est préservé que de nouveaux talents, dans
la musique et dans le cinéma, pourront continuer à
apparaître : c'est une condition pour que la création
française puisse continuer à vivre et pour que tous les
internautes puissent continuer à l'apprécier.
Certains
entretiennent l'illusion qu'Internet doit être un univers où tout
serait gratuit et où on pourrait tout dire, tout montrer et tout faire.
C'est un mythe : il y a des images et des propos dont on ne peut pas accepter
la diffusion sur Internet et de la même manière, il est
légitime qu'on soit empêché de se livrer de manière
massive à des détournements d'œuvres
protégées.
Il faut rappeler que le projet de loi ne concerne
qu'un aspect très particulier et spécifique des multiples
pratiques qui ont lieu sur Internet ; il vise notamment le
téléchargement illégal d'œuvres musicales et de
cinéma, le contournement des mesures techniques protégeant ces
œuvres et les logiciels destinés à la mise à la
disposition non autorisée d'œuvres protégées entre
utilisateurs de ces logiciels. ^
retour ^
- Pourquoi le système de la licence globale n'est-il pas le système d'avenir ?
La vraie question est à qui profiterait la licence globale ? Elle ne profiterait ni au consommateur ni au créateur car :
- Elle va fortement augmenter le prix de
l'abonnement alors que l'on souhaite que le plus grand nombre de
Français ait accès aux nouvelles technologies de l'information ;
- Elle va nécessiter des mesures de surveillance de tous les
internautes ;
- Elle menace l'existence des créateurs
français, au profit des majors américaines pour qui la France est
un marché secondaire ;
- Il n'y a pas de proposition de
répartition viable à ce stade, ce qui ne permet plus de
rémunérer les créateurs en fonction de leur propre travail
et de l'intérêt du public. ^ retour ^
- Pourra-t-on continuer à copier des CD ?
Oui. On peut aujourd'hui copier des CD pour un usage considéré comme " familial ", c'est-à-dire pour ses proches, c'est ce qu'on appelle couramment " la copie privée ". La copie privée est un facteur clé de succès de l'offre de musique en ligne. Le projet de loi garantira le droit essentiel à la copie privée : il renforcera et consacrera la copie privée, en permettant, en fonction du type de support, un nombre suffisant de copies à ce titre. Ce qui est interdit aujourd'hui et restera interdit par le projet de loi, c'est de diffuser des copies en un très grand nombre d'exemplaires, car on ne peut plus parler alors de copie mais de contrefaçon organisée. ^ retour ^
- Le peer to peer sera-t-il interdit ?
Non. Un objectif essentiel du projet de loi est de favoriser l'émergence d'offres de systèmes d'échanges " pair-à-pair " légaux. Cela passe aussi par une responsabilisation des éditeurs de logiciels, pour que l'offre qu'ils proposent soit légale. Il n'est pas acceptable qu'ils incitent les consommateurs à la contrefaçon, en leur promettant la culture gratuite, tout en les laissant assumer seuls les risques de poursuites judiciaires. Il ne s'agit ni d'imposer une technologie ni d'interdire une technologie. L'enjeu est de créer les conditions pour qu'apparaisse un nouveau modèle économique de diffusion des produits culturels. ^ retour ^
- Un internaute pourra-t-il trouver sur Internet le cinéma et la musique qu'il aime ?
Oui. Aujourd'hui un internaute a du mal à
trouver légalement une grande diversité de musique et de films
sur Internet : l'offre légale est encore peu développée.
Sans offre légale, un internaute prend un risque par rapport à
l'œuvre et à son matériel informatique : la qualité
de l'œuvre n'est pas garantie et il y peut y avoir des virus.
Grâce au projet de loi, une offre légale pourra enfin
se développer fortement sur Internet : de nombreux films et une
offre musicale variée pourront être disponibles. Cette offre sera
sécurisée : elle permettra aux internautes d'acquérir en
toute confiance les œuvres. Plus des offres légales se
développeront, plus les prix de vente de la musique et des films sur
Internet baisseront et auront un prix attractif. Le projet de loi
établit le cadre d'un nouveau modèle économique de
diffusion des produits culturels. ^
retour ^
- Peut-on contourner un dispositif anti-copie ?
Non. Contourner un système anti-copie, c'est comme démonter une alarme dans un magasin de disques et de vidéos où l'on voudrait voler des CD ou des DVD. Les mesures techniques de protection visent les œuvres protégeables et ne sont pas obligatoires. D'une part le projet de loi confère une protection juridique à ces dispositifs en sanctionnant pénalement leur contournement. D'autre part le projet encadre ces mesures techniques de protection : en effet celles-ci ne peuvent empêcher un internaute qui a acheté légalement de la musique de pouvoir en faire des copies pour un usage personnel, c'est-à-dire limité à quelques exemplaires. Le projet de loi limitera précisément la notion de contournement des mesures techniques de protection, afin de permettre l'interopérabilité nécessaire à la lecture des œuvres sur tout type de matériels. Si des cas se présentent où les œuvres acquises légalement ne permettent pas d'être copiées à cause de certains dispositifs anti-copie, ils seront portés devant le collège des médiateurs, qui pourra imposer toute mesure pour permettre la copie, au besoin sous astreinte financière.^ retour ^
- Qu'est-ce qu'un internaute risque s'il télécharge illégalement de la musique ou un film ? Est-ce qu'il court le même risque qu'un internaute qui mettrait des œuvres à disposition de manière massive et illégale ?
Aujourd'hui quand un internaute télécharge de
manière illégale de la musique ou un film, il est susceptible
aujourd'hui d'être condamné pénalement : la sanction peut
atteindre jusqu'à 300 000 euros et 3 ans de prison ; la sanction
financière peut atteindre le double en cas de récidive. Souvent
ceux qui commettent ce type d'infractions n'en ont pas conscience. De plus en
plus d'internautes sont concernés car le nombre de plaintes de
sociétés d'auteur est en progression régulière et
il risque d'augmenter fortement.
Il faut passer d'une logique de
répression systématique à une logique de prévention
et de responsabilisation des internautes. Désormais quand un
internaute téléchargera illégalement de la musique ou un
film pour son usage personnel, il ne risquera plus de prison. Le
projet de loi instaurera un régime gradué et proportionné
d'amendes. Cette réponse graduée permettra de différencier
le simple téléchargement illégal de la mise à
disposition massive d'œuvres protégées. L'internaute qui
télécharge illégalement de la musique ou un film pour son
usage personnel, risquera une simple contravention. Le
téléchargement d'une ou plusieurs œuvres relèvera
d'une simple contravention de la 1ère classe, la plus basse sanction
pénale existante (38 € d'amende maximum). Si le
téléchargement s'accompagne de la mise à disposition de
ces œuvres, une peine d'amende de 150 € au maximum, correspondant
à une contravention de la 2ème classe, pourra être
prononcée.
La prise de conscience et la sensibilisation du public
sont essentielles : les fournisseurs d'accès contribueront à la
prévention, en transmettant largement à leurs abonnés des
messages électroniques les informant des dangers du piratage pour la
création artistique. ^ retour
^
- Un internaute pourra-t-il écouter les titres qu'il télécharge sur n'importe quel baladeur ?
Aujourd'hui, quand un internaute achète légalement de
la musique, il ne peut pas l'écouter sur son baladeur lorsque les deux
systèmes ne sont pas compatibles : il n'y a pas
d'interopérabilité.
Le projet de loi garantira
l'interopérabilité, c'est-à-dire le fait que lorsqu'on
achète une œuvre légalement, on puisse la lire sur tous les
supports qu'on possède. Il pose comme principe que les mesures
techniques ne doivent pas avoir pour effet d'empêcher
l'interopérabilité.
Le conseil de la concurrence pourra
ordonner l'accès aux informations essentielles à
l'interopérabilité lorsqu'il constate des pratiques
anticoncurrentielles. Enfin le régime de sanctions du contournement des
mesures techniques ne s'appliquera pas aux actes réalisés
à des fins d'interopérabilité. ^ retour ^
- Qu'est-ce que le projet de loi change pour les personnes handicapées ?
Les personnes handicapées n'ont pas la
même facilité d'accès aux œuvres imprimées,
musicales et de cinéma que les autres. Pour réduire cette
inégalité, le gouvernement a décidé que les
personnes handicapées bénéficieraient désormais
d'une exception. Celle-ci doit permettre à des organismes, tels des
associations ou des bibliothèques, de réaliser non seulement des
transcriptions, par exemple en braille, mais aussi de proposer de nouveaux
services par internet.
En outre, le projet de loi garantira l'accès
des associations qui représentent les personnes handicapées aux
fichiers dits " sources " qui permettent des reproductions adaptées.
^ retour ^
- Qu'est-ce que le droit de suite ? Que va modifier le projet de loi ?
Le droit de suite est un pourcentage versé
aux artistes plasticiens et à leurs héritiers lors de chacune des
reventes successives de leurs œuvres sur le marché. En France, ce
droit, qui existe depuis 1920, est de 3 % mais n'est, dans les faits,
appliqué qu'aux ventes publiques aux enchères et ne l'est pas aux
galeries d'art.
Le projet de loi transpose une directive européenne
du 27 septembre 2001 qui harmonise le droit de suite et les taux applicables
à l'ensemble de l'Union européenne. La directive permettra aux
professionnels de travailler dans des conditions de concurrence égales
en Europe. La directive instaure une dégressivité des taux
applicables en fonction du montant de la vente. En outre, elle plafonne
à 12 500 euros le droit susceptible d'être versé pour une
œuvre.
Un décret d'application fixera un délai
d'adaptation notamment pour les galeries. Les Etats membres qui n'appliquaient
pas le droit de suite ont obtenu de pouvoir, par dérogation, dispenser
les ventes d'œuvres d'artistes décédés de tout droit
de suite jusqu'en 2010, voire 2012. Le même décret fixera le seuil
de prix de vente à partir duquel les ventes sont soumises au droit de
suite. Le relèvement de ce seuil aura pour effet d'alléger
considérablement les formalités administratives qui pèsent
actuellement sur les galeries et les sociétés de vente. Ce seuil
plus élevé incitera les intermédiaires à vendre des
œuvres dont le coût unitaire est limité, alors qu'ils en sont
actuellement dissuadés. ^
retour ^
- Pourquoi ce texte est-il discuté en procédure d'urgence ?
Il y a une procédure d'urgence avant tout
parce que la France a déjà été
condamnée pour n'avoir pas transposé la directive
européenne sur le droit d'auteur qui aurait dû l'être au
plus tard le 22 décembre 2002. Faute de transposition depuis la
condamnation de la France par la Cour de justice par un arrêt du 2 avril
2005, la Commission a adopté le 13 décembre 2005 un avis
motivé, dernière étape avant une nouvelle saisine de la
Cour sur le fondement de l'article 228 du traité (non-exécution
des arrêts de la Cour). Un retard supplémentaire pourrait
maintenant conduire la France à payer des amendes d'un montant
très élevé. Il y a donc une obligation et une urgence
à cette transposition qui aurait dû avoir lieu plus tôt.
Au-delà de la menace d'amendes très lourdes, pour le
gouvernement aujourd'hui l'urgence est aussi sociale et économique :
l'Etat a la responsabilité d'encadrer le développement d'internet
pour préserver la diversité culturelle, l'avenir des
créateurs et l'accès des consommateurs à la musique et au
cinéma. ^ retour
^
- Le projet de loi a-t-il été précédé d'une concertation ?
La méthode qui a été choisie est celle de
l'ouverture et du dialogue. Le projet de loi est le fruit d'une longue
concertation avec les différentes parties concernées.
1). Le projet de loi a été élaboré de
façon concertée au sein du Conseil supérieur de la
Propriété Littéraire et Artistique (CSPLA). Le CSPLA
regroupe les principaux représentants des auteurs,
artistes-interprètes, producteurs, éditeurs y compris de
logiciels, diffuseurs, consommateurs et des personnalités
qualifiées. Le projet de loi a été déposé au
Parlement en novembre 2003. Par la suite, une commission
spécialisée du CSPLA a été créée pour
étudier la distribution des œuvres sur Internet. Y ont notamment
été associés les associations de consommateurs, les
fournisseurs d'accès à Internet, les représentants des
industries des technologies de l'information et du logiciel libre. Cette
commission a étudié en particulier la proposition de licence
globale, et a conclu qu'elle comportait davantage d'inconvénients que
d'avantages.
2). Deux concertations spécifiques ont
été mises en place pour développer l'offre légale
de musique et de cinéma. La première regroupe la filière
musicale avec les fournisseurs d'accès à Internet et les
plates-formes de musique en ligne, qui ont signé la charte " musique et
Internet " en juillet 2004. Une concertation a également
été mise en place entre la filière
cinématographique et les fournisseurs d'accès à Internet,
qui a permis la signature le 20 décembre 2005 d'un protocole d'accord
interprofessionnel sur le cinéma à la demande.
3).
Depuis l'interruption de la discussion à l'Assemblée
Nationale le jeudi 22 décembre 2005, la concertation autour du projet de
loi s'est poursuivie avec l'ensemble des intervenants afin de rapprocher les
points de vue et de faire prévaloir l'intérêt
général. Ainsi, sur les modèles
économiques des offres légales, l'observatoire pour les usages
numériques culturels a été mobilisé afin
d'étudier de manière concertée les évolutions
possibles pour que ces offres soient les plus attractives tant en termes de
qualité, de diversité que de prix. Un site Internet "
http://lestelechargements.com " a été ouvert afin de créer
un débat où les internautes peuvent exprimer leurs opinions sur
le projet de loi. Enfin, le gouvernement a déposé plusieurs
amendements nouveaux qui clarifient le projet de loi. ^ retour ^
Les mots du débat
Téléchargement et mise à
disposition : un internaute peut échanger de la musique, des
films, des photos par internet depuis un ordinateur. Il peut soit
transférer des données informatiques (de la musique, des
films…) vers son ordinateur ("download" ou téléchargement),
soit en envoyer depuis son ordinateur ("upload"). Le
téléchargement peut être légal ou illégal :
tout dépend si la mise en ligne de la musique, les films, les photos a
été autorisée ou non. Le téléchargement
légal peut être payant ou gratuit, selon qu'un créateur
décide de mettre à disposition son œuvre gratuitement ou de
manière payante.
^ retour
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Peer to peer (P2P) ou "pair à pair" : c'est une technologie d'échange entre internautes, permettant à deux ordinateurs reliés à Internet de communiquer directement l'un avec l'autre sans passer par un serveur central. Par extension, l'expression est utilisée pour désigner l'ensemble du système dans lequel les internautes mettent en commun et partagent des fichiers stockés sur leur ordinateur.
Digital Rights Management
(DRM) ou "mesures techniques de protection" : c'est un système
de protection des documents afin d'en garantir la diffusion légale et
d'en empêcher la diffusion illégale. Ce système est rendu
nécessaire lorsqu'il s'agit de protéger le droit
d'auteur.
^ retour
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Copie privée
: quand on achète un CD, on peut en faire quelques copies pour
soi et ses proches ; c'est ce qu'on appelle la "copie privée". Le projet
de loi garantira la copie privée.
^ retour ^
Interopérabilité : c'est le
fait que lorsqu'on achète une œuvre légalement, on doit
pouvoir la lire sur les différents supports qu'on possède. Par
exemple si l'on acquiert légalement de la musique, on doit pouvoir
l'écouter sur son baladeur.
^ retour ^
Licence globale
: elle consiste à instaurer un prélèvement
forfaitaire sur l'abonnement à Internet pour compenser les
échanges d'œuvres protégées.
^ retour ^