Le musée de Cluny, qui rouvre ses portes samedi 14 juillet, a mis l'accent sur l'accessibilité pour tous, en inaugurant son espace d'accueil dû à l'architecte Bernard Desmoulin. Le jour de sa réouverture, le musée sera exceptionnellement gratuit pour tous.

Bas-reliefs, tapisseries, reliquaires, gisants, livres  d’heures… Créé en 1843, le musée du Cluny, musée national du Moyen Âge, qui rassemble une des plus importantes collections médiévales au monde, n’avait bénéficié d’aucune rénovation de cette envergure depuis les années 1950. « Ce chantier était indispensable afin de permettre l’accessibilité pour tous », avance Élisabeth Taburet-Delahaye, sa directrice. Lancés à l’automne 2015 et essentiellement menés en maintenant les lieux ouverts au public, les travaux de restauration de la chapelle et des vestiges se sont poursuivis avec la construction d’un bâtiment d’accueil.

Recouvert d’une résille métallique mordorée, ce nouveau bâtiment se fond totalement dans l’architecture des lieux, en harmonie avec les thermes antiques, l’hôtel médiéval des abbés de Cluny et l'édifice conçu au XIXe siècle. Au cœur de la rénovation, deux ascenseurs permettent désormais d’accueillir les différents publics, y compris à mobilité réduite : depuis l’accueil, une passerelle-coursive donne accès à « l’annexe romaine ». « Le geste tout en sobriété de l’architecte Bernard Desmoulin a ouvert davantage le musée sur la ville et le boulevard Saint-Michel », résume-t-on chez l’Opérateur du patrimoine et des projets immobiliers de la culture (Oppic), maître d’ouvrage délégué du chantier pour la direction générale des patrimoines au ministère de la Culture.

Musée de Cluny, intérieur du nouvel espace d'accueil © M.Denancé / photographe - B.Desmoulin / architecte

Une étape du projet de rénovation

« Le rez-de-chaussée héberge l’accueil, la billetterie et la librairie ; le premier niveau, en mezzanine, est un espace modulable voué aux activités pédagogiques et de médiation ; le second, dédié à la régie des œuvres, peut également accueillir des présentations temporaires », décrit Élisabeth Taburet-Delahaye. L'inauguration est marquée l’ouverture des visites guidées du parcours monumental des thermes gallo-romains restaurés, de la salle de la Dame à la licorne et de l’exposition temporaire « Magiques Licornes » (voir encadré). Enfin, une salle destinée à des présentations temporaires est désormais consacrée au regroupement de 70 œuvres du musée, choisies parmi les plus beaux exemples des arts du Moyen Âge. S’y ajoutent quelques nouvelles acquisitions, notamment la Vierge à l’Enfant, peinte vers 1495, par Jean Hey, le maître de Moulins.

Ces travaux constituent le second volet d’un projet global lancé en 2012 par le ministère  et qui doit s’achever en 2020 par la rénovation des espaces intérieurs de l’hôtel médiéval qui proposeront une présentation chronologique des collections, de l’Antiquité jusqu’à la fin du Moyen Âge. « Les parcours de visite ont fait l’objet d’un important travail de l’équipe de conservation et rouvriront partiellement dès le 14 juillet », détaille Élisabeth Taburet-Delahaye, qui ajoute que « ce nouvel accueil  a demandé de repenser la réception des visiteurs et la surveillance, le circuit de visite des thermes est revu par le service culturel, tout comme l’utilisation de l’espace pédagogique, dont la surface a doublé ».

Cet article est initialement paru dans "Cultures" n°138, juin 2018

Exposition : le musée de Cluny explore l'univers des "Magiques Licornes"

Mystérieuse, ambivalente… la licorne a, dans l’histoire occidentale, suscité bien des fantasmes. Autour des années 1500, puis dans la période contemporaine, elle est l’objet d’un véritable engouement, dont témoignent les poètes et les illustrateurs. Cette exposition de réouverture, qui se tient du 14 juillet 2018 au 25 février 2019, témoigne de la façon dont les artistes se sont emparés de cet animal légendaire, à travers ouvrages enluminés ou gravés, sculptures, tapisseries, mais aussi photographies et vidéos. L’occasion de voir ou revoir les six fameuses tapisseries de La Dame à la licorne, un chef-d’œuvre absolu de l'art médiéval, qui ont été exposées en Australie, le temps de la fermeture du musée national du Moyen Age.