1.0308 - Le Marceau
La Villette, est du 3e arrondissement
références documentaires : Patrimoine XXe, architecture domestique
n° répertoire édition X : 0308, p 6. 2005
Label Patrimoine du XXe siècle, 2006
Conception & rédaction T. Durousseau arch., 2007
désignation : Le Marceau
110 boulevard de Paris, 16 rue Peyssonnel, quartier de La Villette 13003
Lambert 3 latitude 3.03378, longitude 43.3104
Accès : métro 2 - Désirée Clary , bus n° 70 : Canebière - Saint-Exupéry
propriétaire : Syndicat des Copropriétaires Le Marceau
Syndic, Gestion Immobilière du Midi, 18, rue Stanislas Torrents, 13006, 04 96 10 04 40
programme : 232 logements, commerces, garages en sous-sol.
Maître d'ouvrage : SAI Le Marceau, L. Bérenger Roustan DG de L'Union foncière et immobilière.
dates, auteurs : Autorisation préalable : 1963. PC : 1964. Achèvement de travaux 1968 . Réhabilitation 2000.
Claude Gros, architecte. Entreprise, Société Nationale de Construction.
site : Ilot de la Villette, site de remblais des voies du lotissement Mirès. Aujourd'hui site Euromediterranée. Parcelle de 5 315 m2. Altitudes du terrain entre 9,00 et 12,00 m. Zone d'habitation Secteur A au plan de détail du Plan d'Urbanisme Directeur de 1949.
plan de masse : Contour d'îlot interrompu par la présence d'un petit immeuble sur la rue Melchior Guinot. Alignement sur le boulevard de Paris (R+9) et rue Peyssonnel (R+8).
bâti : Structure béton, poteau dalle. Balcon sur les espaces publics, séparatifs bois, verre. Attique en retrait avec traitement architectural des émergences techniques. Très bon état général.
sources : AD : 2071 W 20 (64.132), 165 W 803
Claude Gros, Kulbach éditeur, Marseille 1981
Contexte :
Le secteur de La Villette, inscrit dans l'ancien lotissement Mirès, est fait d'îlots réguliers autour du boulevard de Paris. Le projet de 1858 ne trouvera pas sa clientèle résidentielle et sera réduit au rôle d'arrière-port à vocation d'entrepôt et d'activité. Affectés aux activités portuaires dans le Plan d'Urbanisme Directeur de 1949, ces terrains seront reclassés par la Commission d'Urbanisme (Hardy, Detaille) suite à la forte demande de logements après 1962.
Certains immeubles comme le Saint-Michel, le Paris ou le Marceau vont transformer l'aspect du boulevard de Paris au cours des années soixante. La recrudescence des fonctions de résidence se développera dans le cadre d'un Plan d'Urbanisme de Détail. Ce plan reprend et amplifie les gabarits haussmanniens et les logiques d'îlots tout en réservant de vastes surfaces de rez-de-chaussée pour les activités et les commerces. Ce mode d'urbanisation mixte de la trame Mirès ne sera pas poursuivi avec le projet Euroméditerranée d'Yves Lion en 2003. Ce dernier privilégiera clairement la résidence aux dépens de l'activité.
Description :
Le Marceau sera construit sur des terrains appartenant à l'Immobilière Marseillaise suite au reclassement de la zone de service public en zone d'habitation (Secteur A du plan de détail). Délimitée par le Boulevard de Paris, la rue Melchior Guinot et la rue Peyssonnel, la continuité de l'îlot est interrompue au nord par une papeterie et au sud par la Maison des marins scandinaves. Les profils restent des gabarits usuels du tissu haussmannien comprenant alignement, commerces de pied d'immeuble et hauteur de 9 et 10 étages avec des retraits aux derniers étages.
Au-dessus de deux niveaux de garages, une grande surface commerciale, occupe le cœur d'îlot en rez-de-chaussée et entresol et détermine une distribution particulière. En effet, les cages d'escaliers sont accessibles à partir du 1er étage par des galeries qui sont toujours desservies par une seule entrée, un peu sur un modèle hôtelier. Les deux grands halls d'accès aux galeries sont équipés d'escaliers mécaniques à double sens et décorés de toiles marouflées dont une de Pierre Ambrogiani. Le coeur d'îlot, de niveau avec les galeries, est traité en terrasse, ce qui met en communication les deux parties de l'immeuble et règle ainsi certaines questions de sorties de secours. Le projet de jardin intérieur ne sera pas réalisé.
La mixité du programme -parkings, commerces, logements -est rendue possible grâce à la structure de poteaux poutres permettant des portées de planchers perpendiculaires aux façades ; les cages d'escaliers font alors office de contreventement. Cette structure permet également de varier les types de logements, du studio aux quatre pièces.
Les façades sur rues et sur cœur d'îlot sont très contrastées. À l'intérieur, on retrouve une écriture fréquente chez C. Gros : des façades réglées par des poteaux de rive et des têtes de planchers. Les remplissages d'allèges, en retrait de la structure, déterminent la cadence des baies. Il ne s'agit plus de trous dans une paroi mais de vides délimités par la structure elle-même. Donnant sur le domaine public, de longues horizontales révèlent des loggias assez profondes. Les Services de l'Hygiène (rue Briffaut) limitaient alors les balcons à 1,20 m ! Ici, c'est une véritable façade épaisse avec une enfilade de pièces plus ou moins ouvertes. Les garde-corps transparents alternent avec des pare-vues de bois masquant les séchoirs ; un véritable cloisonnement s'établit derrière les garde-corps. Les séparatifs de balcon sont constitués de lames de verre ou de bois, au nu de la façade. Le caractère mobilier de ces espaces est souligné par les sous-faces peintes en ocre rouge.
Les derniers étages forment des retraits successifs. Ils créent des émergences techniques, traitées en parois verticales d'héberges qui abritent les gaines de ventilations. L'écriture rappelle la Città Nuova futuriste (Sant'Elia, 1914), ou les immeubles à gradins (H. Sauvage, 1928) par la réinterprétation des règlements parisiens de voirie. Un bandeau horizontal devait réunir ces lames verticales, il ne sera pas réalisé. L'immeuble a fait l'objet d'une réhabilitation dans les années 2000.
Auteur :
Claude Gros,
né en 1925, élève de l'atelier Castel - Hardy, fait partie de la génération des architectes formés dans l'immédiat d'après-guerre.
Auteur d'importants programmes de logements, le plus souvent privés (le Saint-Georges en 1962), il restera fidèle à une architecture rationnelle, où les structures s'expriment par des tracés rigoureux et sera marqué par la nécessité de la préfabrication.
Dans le 15e arrondissement, Parc Kalliste en 1958, 800 logements (n° 1544), La Granière en 1961, 445 logements en panneaux préfabriqués (n° 1545), tout comme Castelroc en 1973 dans le 10e arrondissement (n° 1029) ou Le Mail en 1974, dans le 14e.
Enfin, La Benausse (14e), et La Parade (à Aix-en-Provence) où il réalise des panneaux architectoniques préfabriqués tridimensionnels.
Fichiers associés :
- Carte du 3e arrondissement de Marseille
- Notice monographique documentée
© Thierry Durousseau, 2004-2005
Partager la page