1.Antibes, etc - Cabanon industrialisé
références documentaires : Pré-inventaire des Trente Glorieuses - Alpes-Maritimes, 2005-2008
dénomination : Architecture domestique, villas
rédacteur : Jean-Lucien Bonillo / Laboratoire INAMA / ENSA Marseille
auteur, dates : Guy Rottier ingénieur, architecte, 1958-1960
protection, label : édifice non protégé
Historique :
Guy Rottier et Charles Barberis se rencontrent sur le chantier de l'Unité d'Habitation de Marseille. Le premier dirige les travaux dans une première phase du chantier et le second est un des adjudicataires du lot menuiserie. Après avoir réalisé le cabanon de Roquebrune-Cap-Martin pour le compte de Le Corbusier, Charles Barberis imagine pouvoir poursuivre l'expérience, comme Le Corbusier lui-même l'avait envisagé, dans une perspective industrielle de production en série. Ces études n'ayant pas de suites opérationnelles, le menuisier se tourne vers Guy Rottier pour poursuivre le projet. Entre 1958 et 1962, deux prototypes sont réalisés à l'atelier de menuiserie de Villeneuve-Loubet : le cabanon/maison des parents (UV366) et le cabanon/maison des enfants (CC215) (sur la même parcelle, Guy Rottier concevra dans le même temps une villa pour Barberis qui sera réalisée en deux temps : de 1960 à 1989).
Quelques exemplaires seulement du cabanon seront commercialisés dont une petite série pour la ville d'Antibes. Ils sont aujourd'hui non localisés.
Description :
D'une certaine manière, le thème du cabanon traverse toutes les recherches et la production de Guy Rottier : d'une part comme programme type de logement minimum pour les vacances, d'autre part du point de vue de l'esprit même de ses nombreuses recherches (plus ou moins) utopiques. On pense à la série des "abris", à l'architecture volante, enterrée, en carton, gonflable, de paille, de terre, de tôle ondulée, conçue avec des matériaux de récupération, jusqu'au très explicite cabanon araignée (1981).
Réalisé en bois, le prototype cabanon/maison des enfants sera exposé à la foire de Nice en 1958 après avoir été charrié dans les rues de Nice – à des fins publicitaires – par un attelage hippomobile. Son design procède de l'idée d'un parallélépipède tronqué et renversé. Le caractère qui en résulte fait inévitablement penser à cette modernité joyeuse et ludique que Jacques Tati sut mettre en scène, entre fascination et dérision.
Plus crédible, sérieuse et intemporelle, la conception du cabanon/maison des parents (qui sera l'objet d'une petite série) hérite des modèles spatiaux et des dispositifs techniques mis au point par Le Corbusier et Jean Prouvé.
De fait, deux modèles sont mis au point par Guy Rottier et les Menuiseries Barberis : une version minimale avec pièce unique sur un plan sensiblement carré (5x4 mètres) et une version avec cuisine et chambre séparées (7x4 mètres). L'esprit des intérieurs et du mobilier pour l'essentiel intégré dérive de l'esthétique du cabanon de Cap Martin : table encastrée reposant sur un pied, placards décollés du plafond, aérateurs dans les angles distincts des menuiseries, utilisation abondante du contreplaqué, petite table d'appoint de forme libre (on pense plutôt à Charlotte Perriand)...
La signature de Guy Rottier se retrouve cependant dans quelques dispositifs pratiques et ingénieux à l'instar du volet intérieur formant bibliothèque d'appoint.
L'extérieur ajoute à la rigueur des habituelles "baraques" de chantier quelques touches décisives de sophistication : décollement du sol grâce à un plancher de bois en léger porte-à-faux sur toute sa périphérie et toiture élégante et aérienne en forme de coque et à section en ailes d'avion.
Plus encore que l'esthétique, c'est la conception structurelle et le processus simple de montage qui nous ramènent à Jean Prouvé : un système de panneaux rigides autoportants qui permet un montage à sec et rapide.
Fichier associé :
- Notice imprimable
Partager la page