Savines-le-Lac - Village
- département : Hautes-Alpes
- commune : Savines-le-Lac
- appellation : Village
- auteur : Achille de Panaskhet (architecte)
- date : 1954-1962
- label patrimoine XXe : Commission régionale du patrimoine et des sites (CRPS) du 23 juin 2011
La reconstruction de Savines entre 1954 et 1962 représente une expérience urbaine inédite. Une dizaine d’années durant, son auteur Achille de Panaskhet, va se consacrer entièrement à la création de Savines-le-Lac, de l’urbanisme à l’espace public, de l’architecture publique aux constructions privées.
Alors que le plan d’aménagement de la Durance prévoyait la disparition des villages d’Ubaye et de Savines, avant même la promulgation de la loi de 1955 qui entérinait la construction du barrage de Serre-Ponçon, la population du village, dont un tiers travaillait dans une filature, la fabrique de pâte à papier ou à la scierie, sera très rétive aux conditions d’indemnisation faites par l’administration. Après plus d’un an de tensions, un accord sera trouvé avec le premier ministre Guy Mollet, en 1956, incluant de fait la reconstruction du village.
L’architecte qui a pris fait et cause pour la commune dessine une suite de plans de composition urbaine. D’abord sur l’adret du Clot du Villard, proche de la nouvelle gare, et des industries. Puis avec la construction du pont, rendue nécessaire par la retenue d’eau, c’est au pied du Morgon que le nouveau Savines se déplace, devenant ainsi le village stratégique sur le carrefour reliant Gap, Embrun et Barcelonnette. A l’orée des Trente Glorieuses, on privilégie le développement du transport routier par rapport au chemin de fer. Village étape sur la route des Alpes, le développement de l’automobile ira de pair avec celui du tourisme.
Achille de Panaskhet va produire une série de plans qui aboutiront au Plan d’Urbanisme de Détail de 1957, cadre du développement du nouveau Savines. On y trouve des secteurs dédiés à l’activité, aux logements à loyer modéré, aux maisons, aux loisirs ainsi que les équipements communaux : hôtel de ville, poste, école, gendarmerie et église, organisant autour d’un centre civique un authentique espace public ; dans le même temps les anciens hameaux du Forest et des Chaumettes sont conservés.
Le plan n’est pas une simple figure, il est aussi issu de l’étude des espaces publics, celle des principaux bâtiments du village mais aussi de celle des autres constructions définies dans leur implantation, leur gabarit et leur caractère architectural: toiture, matériaux, percements. C’est un projet conçu dans sa dimension urbaine autant qu’architecturale, qui s’avérera capable d’évoluer aux divers moments de la rapide croissance du village.
Entre 1959 et 1962 notre architecte va diriger pas moins d’une douzaine de chantiers : usines, école, gendarmerie, Mairie, poste, Ponts et Chausées, logements collectifs et individuels, aménagement de l’espace public. L’église saint Florent sera terminée peu avant l’inauguration de 1962 et il mettra à profit une immobilisation accidentelle pour dessiner le détail des cartons des vitraux. La renaissance de Savines se fera dans une urgence extrême !
Le trait principal de l’architecture d'Achille de Panaskhet à Savines-le-Lac, c’est le refus du modèle pittoresque du chalet au profit d’une architecture de création, horizontale, effilée, soulignée par des bandeaux de bétons clairs, et des toits presque plats. Cette architecture emprunte aussi aux ressources locales avec des matériaux comme le bois ou les pierres marbrières de la région.
- Rédacteur : Thierry Durousseau, 2011
Partager la page