Le commerce triangulaire au musée de la marine de Loire : un espace réaménagé grâce à un prêt exceptionnel de la BnF
Du 1er mars au 1er septembre 2019

Depuis le 1er mars 2019, le musée de la marine de Loire expose deux pièces prestigieuses, prêtées par la Bibliothèque nationale de France (BnF). Ce prêt, remarquable par sa durée (six mois) et l’importance des objets empruntés, a pu se réaliser grâce au plan « Culture près de chez vous » lancé par le ministère de la Culture.

Il s’agit de deux objets conservés à la Bibliothèque de l’Arsenal :
- une chaîne d’entrave d’esclaves et
- un ouvrage de l’Abbé Grégoire intitulé "De la traite et de l’esclavage des noirs et des blancs, par un ami des hommes de toutes les couleurs".

La chaîne d’entrave d’esclaves se compose de deux éléments distincts : une barre de justice et une chaîne avec carcans. La barre garnie de menottes et la chaîne servaient à attacher les esclaves, soit à bord du bateau, soit avant leur embarquement. Objets emblématiques des souffrances infligées aux captifs africains et de la cruauté de la traite négrière, ils ont été offerts en 1867 à la Bibliothèque de l’Arsenal par Hippolyte Carnot, l’exécuteur testamentaire de l’abbé Grégoire. Il la tenait d'Henri Dutrône (1796-1867), ancien secrétaire de la Société abolitionniste.
Ces pièces ont rejoint le fonds Abbé Grégoire. Ce fonds légué par l’abbé à la Bibliothèque de l’Arsenal comporte une importante collection d’ouvrages traitant de l’esclavage et des colonies.

L’abbé Henri Grégoire (1750-1831), figure majeure de la Révolution française, lutta activement pour l’émancipation des juifs, l’instruction publique, la liberté des cultes, la protection des monuments... Tolérant et humaniste, membre de la Société des Amis des Noirs, il lutta aussi courageusement pour la suppression de la traite et de l’esclavage. Il joua notamment un rôle décisif dans la première abolition de l’esclavage en 1794.

A ce titre, dans son ouvrage "De la traite et de l’esclavage des noirs et des blancs, par un ami des hommes de toutes les couleurs", il milite pour l’interdiction de la traite négrière. Il y réfute notamment les arguments des partisans de la traite et s’insurge que la France puisse continuer à la faire.

Ces pièces entrent puissamment en résonance avec l’un des thèmes abordés dans les collections du musée : les industries nées des échanges commerciaux avec les colonies d’outre-mer.
Le prêt de la BnF a permis au musée de la marine de Loire d’évoquer des sujets que, faute de collection, il ne pouvait jusque-là traiter : le recours à l’esclavage pour produire les marchandises coloniales et les mouvements antiesclavagistes.

Ces pièces sont rarement exposées au public.
C’est une occasion unique pour le musée et ses visiteurs de pouvoir découvrir ces objets, si fortement liés à la mémoire de la traite et de l’esclavage et au combat pour leur abolition.
Ces pièces sont visibles au musée de la marine de Loire jusqu’au 1er septembre 2019.