La première étape de ce module breton a conduit les auditeurs aux Ateliers des Capucins, situé sur la rive droite de Brest. La visite de cet ancien arsenal reconverti en quartier culturel créatif a permis de prendre la mesure de la majesté et de l’immensité du lieu hébergeant de nombreux acteurs économiques et culturels. Alain Lelièvre, directeur de la Société Publique Locale Ateliers des Capucins a raconté l’histoire de ce projet d’ouverture et de réhabilitation hors normes, qui a pris une trentaine d’années.
Reza Salami, adjoint au maire de Brest, en charge de la politique culturelle et de la valorisation du patrimoine matériel et immatériel et Yann Guével, adjoint au maire de Brest, Président de la SPL « Les Ateliers des Capucins » ont expliqué aux auditeurs le fort investissement de la ville de Brest sur ce lieu symbolique, considéré aujourd’hui comme la porte d’entrée de la Métropole, tant son attractivité est reconnue. Le lieu a été conçu pour pouvoir accueillir des événements de toute nature : Festival de la Bande dessinée, spectacle de Boris Charmaz, pièce de théâtre décalée (Les Gros patinent bien) , Rencontres Climat déclic... Ce ne sont que quelques exemples de projets accueillis aux Ateliers des Capucins. En termes de modèle économique, la création d’une société publique locale a été privilégiée pour gérer cet équipement. Les élus ont souligné la force de ce modèle dans le cas présent, qui a permis de ne pas avoir dans les premières années de mise en service des exigences immédiates de rentabilité, et de passer la crise COVID.
A la suite de cet échange fourni sur le projet global des Capucins, Caroline Raffin est venue présenter le Fourneau, Centre national des arts de la rue et de l’espace public qui devrait déménager dans quelques mois au sein des Ateliers des Capucins. Le Fourneau est né d’une aventure associative portée par la compagnie Oposito, pionnière dans les arts de la rue. Depuis l’installation dans un hangar du port en 1994, le projet a grandi, et obtenu labellisation et soutien des partenaires publics en œuvrant pour la création de projets artistiques dans des lieux non dédiés à la culture, en milieu rural comme en ville, avec comme corollaire, la défense de la liberté d’expression et de circulation, ainsi que la gratuité. Le Fourneau a été partenaire du Centre d’art contemporain pour préparer par de nombreuses actions artistiques l’ouverture des Ateliers des Capucins
Le début de l’après-midi a été consacré à la présentation et la visite de la médiathèque des Capucins par Bénédicte Jarry, directrice du réseau des médiathèques de Brest et Frédérique Morice, directrice adjointe du réseau, et responsable de la médiathèque des Capucins. Ce nouvel équipement regroupe 3 anciennes médiathèques et permet de proposer de nombreux services enrichis aux brestois (pôle documentaire sur l’emploi et la formation, espace de jeu vidéo, fonds patrimoniaux, espace jeunesse, fonds en langue bretonne, etc)
Suite à cette visite, le groupe des auditeurs a pu découvrir un projet exemplaire de coopération au long cours entre chercheurs, artistes, et lieux culturels avec les porteurs du projet SONARS. Laurent Chauvaud, directeur de recherche au CNRS, Maëlle Le Gouefflec, directrice de La Carène, SMAC de Brest, Gwen Potard, Directeur Adjoint culture animation, Brest Métropole, Ville de Brest et François Joncour, musicien, sont venus témoigner de cette aventure qui a permis de se mettre littéralement à l’écoute de la biodiversité marine, et de rendre sensible, par l’art, l’enjeu fondamental de sa préservation.
Le groupe s’est ensuite dirigé vers la PAM, nouveau tiers lieu de la rive droite de Brest installé après travaux dans les locaux de l’ancienne Papeterie armoricaine morlaisienne. Sophie Caradec, Antoine Horellou et Benjamin Grebot, cofondateurs et cofondatrice associés de la PAM, ont expliqué le fonctionnement de ce lieu collectif né d’une initiative privée qui garde l’esprit de l’ancienne activité, à la fois en étant le dépositaire de nombreuses presses, affiches, pierres lithographiques et caractères typographiques, mais aussi en ayant choisi comme slogan : «Imprimons le futur ». Le lieu permet à de nombreuses activités de se déployer et de se côtoyer : restaurant, brasserie, boulangerie, galeries d’art, librairie solidaire, école de danse, espaces de coworking, etc…, mais aussi toute une programmation d’événements culturels et de temps de réflexions sur les transitions.
La soirée a été consacrée au choix du nom de cette promotion 2022-2023. Une vingtaine de propositions avaient été faites. Après des débats conviviaux et animés, et un dernier tour de vote entre les deux propositions finalistes, Jean Zay et Fluxus, le choix s’est porté sur Fluxus, pour ce que cette aventure collective artistique dit d’un autre rapport aux catégories instituées de la création, mais aussi d’un autre rapport au temps, où le processus de recherche compte autant sinon plus que l’aboutissement et le résultat.
Le deuxième jour de ce module a emmené la promotion Fluxus à Morlaix. Jean-Paul Vermot, maire de Morlaix et Président de la communauté d'agglomération a rappelé l’histoire de ce territoire longtemps consacré à la culture du lin. Cette économie florissante a contribué à la naissance d’une vie culturelle riche. Cette ville industrielle a également été marquée par l’installation sous Louis XV de la manufacture Royale des tabacs. A la Fermeture en 2001 des derniers ateliers les acteurs locaux se sont interrogés sur l’avenir de ce lieu. La décision du rachat du bâtiment par la municipalité et l’énergie exceptionnelle de trois porteurs de projets ont permis la réhabilitation d’une première partie du bâtiment pour installer le SEW, complexe culturel original composé de la Salamandre, cinéma d’art et d’essai, le Wart, acteur essentiel de la musique électronique et le Centre National de la Création Adaptée.
Thierry Seguin, directeur du Centre National pour la Création Adaptée, co-directeur du SEW a proposé une visite des locaux du SEW et de ses extraordinaires salles de cinéma.
A la suite, Michel Cabaret, directeur de l’espace des sciences de Rennes, et Marie-Laure Brandily, chargée du projet de création de la Manufacture, antenne de l’espace des Sciences à Morlaix, dont l’ouverture est prévue en 2024 et qui permettra de déployer une riche médiation sur l’histoire industrielle de ce territoire, mais aussi de proposer une exposition permanente de médiation scientifique sur de nombreux sujets, ont conduit une visite des lieux et débattu avec les participants.
L’après-midi, grâce aux interventions croisées de Madeleine Louarn, metteur en scène, fondatrice du Théâtre de l’Entresort et Thierry Seguin, directeur actuel du Centre National pour la Création Adaptée, co-directeur du SEW, a permis de revenir sur l’histoire pionnière du théâtre de l’Entresort qui a mené une expérience théâtrale au long cours avec des personnes handicapées devenues actrices de théâtre, et qui est devenu, au terme d’une reconnaissance institutionnelle des enjeux majeurs portés par cette initiative, le Centre National pour la Création Adaptée.
Suite à ce riche échange, une table ronde a été proposée aux auditeurs sur les moyens d‘engager un projet culturel dans la transition écologique. Eddy Pierres, directeur du WART, co-directeur du SEW, a expliqué son choix de réduire la voilure du festival Panorama, en passant d’un événement rassemblant traditionnellement 30 000 spectateurs à un festival plus local, donc moins énergivore. Maryline Lair, Directrice du collectif des festivals de Bretagne, a ensuite exposé comment ce réseau financé à la fois par l’Etat et les collectivités territoriales accompagne les festivals, et bientôt d’autres structures culturelles, dans toutes leurs démarches de développement durable et solidaire intégrant non seulement les sujets strictement environnementaux mais aussi des enjeux sociétaux liés à la qualité de la relation aux personnes, qu’il s’agisse des publics, des artistes ou des personnels.
Pour clore cette journée, Hubert Coudurier, directeur de l’information du Télégramme, dont le siège social est à Morlaix est venu rencontrer les auditeurs et présenter le groupe média, poids lourd dans le paysage de la presse quotidienne régionale.
La troisième journée, construite avec Emmanuel Ethis, Recteur de l’Académie de Rennes, vice-président du Haut Conseil à l’Éducation Artistique a été consacrée à l’éducation artistique et culturelle et s’est déroulée à Guingamp, à l’Institut national supérieur de l'éducation artistique et culturelle (INSEAC).
L’INSEAC a ouvert en 2021, dans une ancienne prison classée monument historique, entièrement réhabilitée et accueillant également dans ses murs le Centre d’art photographique Gwinzegal.
Le patrimoine revit avec une activité adaptée aux enjeux de son époque, avec la perspective de mixage des usages : touristique sur l’aspect patrimonial du bâtiment, culturel, mais aussi d’enseignement et de recherche. La matinée a débuté par une présentation du Centre d’art Gwinzegal par Solange Reboul, codirectrice, et une visite historique de l’ancienne prison par M. Damien Malinas, coordinateur de l'INSEAC, et Emmanuel Laot, professeur agrégé d'histoire géographie.
La dernière intervention de cette journée a permis à Emmanuel Ethis d’exposer la stratégie de déploiement de la politique publique d’éducation artistique et culturelle. L’implantation de l’INSEAC a permis de faire du territoire de Guingamp un lieu d’expérimentation et de recherche à échelle réelle. Damien Malinas et Raphaël Roth, maîtres de conférence à l’INSEAC, ont exposé la méthodologie et les premiers résultats d’une enquête menée au long cours auprès des scolaires, des institutions culturelles, des intervenants. Cette démarche de mise en oeuvre et de retour sur expériences permettra d’imaginer ensuite un déploiement de bonnes pratiques dans d’autres régions.
Crédits photo de couverture : œuvre du street artist ZAG
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