Lancée le 6 juin dernier, la plateforme "Vrai ou fake" rassemble des contenus de l’audiovisuel public consacrés au décryptage de l'information. Son ambition est double : passer au crible les fausses informations et répondre en continu aux questions des téléspectateurs, auditeurs ou lecteurs.

« Vous êtes le premier et le plus solide bouclier contre les fake news, contre la désinformation », avait déclaré Françoise Nyssen aux journalistes, le 15 mars dernier lors des Assises du journalisme, à Tours. « Votre arme, ce sont vos sources, vos croisements, vos vérifications. Ce sont les outils de décodage et de décryptage que vous déployez », avait-elle ajouté.

Pour autant, rien n'est à négliger dans le renforcement des moyens d'action contre la désinformation. A commencer par le développement significatif de l'éducation au médias que la ministre de la Culture a annoncé dans son plan d'ensemble. Lors de la présentation de son scénario de réforme pour l'audiovisuel public, la ministre est revenue sur une initiative très attendue de l'ensemble des sociétés de l'audiovisuel public : la création une plateforme commune de décryptage des fausses nouvelles.

L’audiovisuel public s’unit contre la désinformation

C’est désormais chose faite. Lancé par franceinfo le 6 juin dernier,  « Vrai ou fake » est un espace de démystification (debunking) et de vérification des faits (fact-checking) qui rassemble des contenus produits par Radio France, France Télévisions, France Médias Monde, l’Institut national de l’audiovisuel, Arte et TV5 Monde. L’objectif ? Débusquer les erreurs factuelles ou les mensonges des responsables publics d’une part, décrypter les rumeurs et les fausses informations lancées sur la toile de l’autre.

En centralisant des programmes aux formats variés – vidéos d’animations pour « Désintox » sur Arte, micro-trottoir dans « L’instant détox » de franceinfo, analyse d’images sur France 24 avec « Les Observateurs » … – la plateforme facilite l’accès du public à une information revue et certifiée. En retour, celui-ci peut signaler des informations non vérifiées ou échanger avec les journalistes de « vrai ou fake » en posant des questions dans le live ou sur les comptes twitter et facebook de franceinfo.

Nous avons choisi deux exemples pour mieux comprendre les stratégies de décryptage de « Vrai ou fake ». Ces exemples, qui ne se cantonnent pas à des enjeux politiques, ont trait à des sujets de société, comme la pollution des voitures électriques ou la disparition des espèces animales.

Exemple n°1 : "Les idées claires", un décryptage de l’actualité

Une dizaine de contenus sont mis en ligne chaque jour, en rapport avec l’actualité du moment. On peut par exemple y retrouver le programme « Les idées claires », dans le cadre d’une émission dédiée à l’impact environnemental des voitures électriques. Les journalistes ont interrogé Florence Lefebvre-Joud, adjointe à la direction du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives, sur la pertinence d’une citation de Thierry Solère, un député LR. Celui-ci avait en effet déclaré « les voitures électriques ne polluent pas du tout et produisent zéro émissions ». La réalité s’avère plus complexe : le gain environnemental d’une voiture électrique dépend, par exemple, de la façon dont l’électricité nécessaire à la production et à la recharge de la batterie est elle-même produite.

Exemple n°2 : "Le vrai du faux", les réseaux sociaux passés au crible

 

Un autre programme, « Le vrai du faux », propose quant à  lui, une émission ayant pour sujet le retour présumé du dodo sur l’île de la Réunion. Antoine Kempf revient sur l’origine de la vidéo virale qui a permis la propagation de cette rumeur : il s’agit en fait du détournement d’une opération de communication créée en 2015 par l’ONG Alternativa Terrazul dans le cadre d’une campagne de sensibilisation sur le sort des espèces animales en voie de disparition. Ce recyclage, nous explique Antoine Kempf, est loin d’être un cas isolé. Les fausses nouvelles ne meurent presque jamais sur les réseaux sociaux et réapparaissent souvent plusieurs mois ou plusieurs années après leur première publication – à l’image de ce faux appel au don du sang pour sauver une petite fille, qui circule par mail depuis plus de dix ans.